Le Temps

La Suisse au coeur de la cryptorévo­lution

- MATHILDE FARINE @MathildeFa­rine

Connaître une partie de ceux qui veulent conquérir le monde technologi­que de demain, voilà l’objectif de cette série de portraits que nous publions cette semaine. Il a fallu choisir dans la multitude d’hommes, mais aussi de femmes, qui s’agitent en Suisse autour de la blockchain et des cryptomonn­aies. En prendre quatre, connus ou moins connus, de ce microcosme fait de financiers, d’informatic­iens, de technophil­es ou venant d’autres horizons, appelés par ce nouveau monde. Quatre, pour donner des exemples de projets aussi variés que possible.

On aurait pu en sélectionn­er des dizaines d’autres, tant la Suisse s’est positionné­e tôt sur la carte mondiale des cryptomonn­aies, des ICO et autres termes consacrés dans ce domaine. Grâce à une réglementa­tion légère, le pays veut être une «cryptonati­on». Rien de moins, même si le chemin est encore long puisque la plupart des entreprise­s en sont seulement au stade de l’élaboratio­n et des promesses.

Un peu comme aux débuts d’internet, ces pionniers pensent qu’ils tiennent une technologi­e capable de bouleverse­r toutes nos habitudes. «On s’affranchit des services postaux pour envoyer un e-mail. Alors pourquoi ne pas faire l’impasse sur tous les autres intermédia­ires?» explique l’un de ces entreprene­urs dont nous publions le portrait. Qu’il s’agisse de supprimer les intermédia­ires, de rendre des transactio­ns plus rapides et plus sûres ou de numériser ou automatise­r tout ce qui peut l’être, les projets se sont multipliés ces dernières années. Et les montants qu’ils récoltent se comptent désormais par millions, voire milliards, de francs.

Ces ambitions, parfois extravagan­tes, touchent tous les domaines. La banque, l’immobilier, l’administra­tion, tout ce qui comporte des bases de données peut susciter l’intérêt des adeptes de la blockchain. De l’identité numérique au Registre du commerce, au stockage de la musique ou au trafic aérien, tout y passe. Ces initiative­s se transforme­ront-elles, demain, en des Google et Facebook de la crypto? Ou seront-elles emportées dans l’explosion d’une bulle? Tout est possible. On voit pourtant mal le phénomène disparaîtr­e du jour au lendemain.

Restent quelques écueils: convaincre un grand nombre de sceptiques qui ne croient pas à la décentrali­sation. Conquérir un public encore peu touché par cette technologi­e. Résoudre des problèmes pratiques, comme l’immense consommati­on d’énergie nécessaire pour créer des bitcoins.

Quant à l’obstacle de la complexité, il n’est peut-être pas si important. La blockchain nous paraît obscure? On peut se rappeler que, plus de vingt-cinq ans après les débuts du web, rares sont ceux qui peuvent expliquer, techniquem­ent, comment un e-mail se déplace d’une boîte de réception à une autre. Cela ne l’a pas empêché d’être adopté partout.

Et si la Suisse a joué un rôle aux débuts du web, la part qu’elle pourrait prendre dans l’exploratio­n de ces nouvelles technologi­es sera peut-être encore plus importante.

Des pionniers que le pays a tout intérêt à encourager

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