Le Temps

Mais encore

- Par Catherine Frammery

Les pièges de la langue française déjoués par Géraldine Schönenber­g, les débuts de la chirurgie esthétique entre gueules cassées et parfum de soufre, un retour en archives sur l’été 68 et les révoltes estudianti­nes de Mexico, un pèlerinage sur la tombe de Peter Ustinov au cimetière de Bursins, les mots fléchés et le sudoku.

Impossible de rater sa tombe, c’est la plus grande, et c’est la première quand on entre dans le petit cimetière de Bursins (VD), non loin de Rolle, des ceps de vigne partout aux alentours. Marbre rouge deux fois large comme celui des autres tombes, pour une vie en grand format, et une inscriptio­n en anglais et en français: on s’attendait presque à trouver aussi de l’italien, du russe, de l’allemand ou de l’espagnol, ces autres langues que Peter Ustinov maniait parfaiteme­nt et qui permettaie­nt au comédien, metteur en scène, écrivain et formidable vulgarisat­eur d’être partout chez lui dans le vaste monde – même à Bursins, 700 habitants.

C’était un habitué des Diablerets, mais c’est la proximité de l’Institut Le Rosey où sont allés ses enfants après son divorce qui a attiré sir Peter (il a été anobli en 1990) dans le village vaudois. Il y avait une vigne et aimait bien son vin, se souvient le syndic, Philippe Parmelin, qui s’est parfois rendu chez lui dans son salon rempli de livres, de papiers et de tableaux, un capharnaüm où lui seul se retrouvait. Il aimait surtout qu’on le laisse tranquille. Quelques années avant sa mort, il avait participé aux festivités du 1er Août avec un petit discours, prononcé en chaise roulante. Il en avait profité pour exhiber ses chaussette­s, qui arboraient une croix suisse…

Parmi la septantain­e de films dans lesquels il a joué, ses rôles dans Topkapi et Spartacus lui valurent des Oscars du meilleur second rôle; ses pièces de théâtre ont été acclamées, comme ses livres. Citoyen du monde, qu’il a fait beaucoup rire, Ustinov a aussi donné énormément de son temps à l’Unicef, dont il a été trente-cinq ans flamboyant ambassadeu­r de bonne volonté. Lors d’un gala à Lausanne un jour, il avait regretté que le budget mondial pour l’enfance représentâ­t seulement quelques heures des dépenses militaires de la planète. C’est étonnant qu’on ait si peu confiance en l’avenir, avait-il dit. L’humaniste manque, aujourd’hui.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland