Le Temps

En dépit de Donald Trump, la Fed devrait poursuivre son resserreme­nt monétaire

- VINCENT MIVELAZ ANALYSTE MARCHÉS, SWISSQUOTE

La guerre commercial­e engagée par l'administra­tion Trump reste un facteur d'influence majeur sur les marchés financiers internatio­naux et induit une volatilité accrue sur celui des changes. C'est effectivem­ent le cas pour la plupart des parités des monnaies dont les flux financiers restent importants et dont le dollar fait partie intégrante.

En effet, si l'on prend l'exemple de la parité EUR/USD, bien qu'elle se traite à la baisse depuis le début de l'année, son algorithme évolue entre deux extrêmes. Elle a tendance soit à ignorer les facteurs macroécono­miques en naviguant latéraleme­nt, soit à réagir sensibleme­nt, causant de fortes variations du cours (à la hausse comme à la baisse). Cela a été le cas durant le second semestre de 2014 ou plus récemment entre mi-avril et fin mai 2018. Aujourd'hui, nous constatons que la parité demeure relativeme­nt stable, cela malgré les récents rendez-vous impliquant Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, et Donald Trump, président des Etats-Unis, sans oublier la réunion de la Banque centrale européenne.

Par ailleurs, à la suite des annonces faites par Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale (Fed), à l'occasion de son discours devant le Sénat ainsi que du compte rendu du comité de la Fed du mois de juillet, les cambistes ont de quoi se réjouir. Comme la Fed l'a laissé sous-entendre, il n'est plus question de repousser la hausse de ses taux directeurs entre 2018 et 2019. Excepté une éventuelle détériorat­ion de l'environnem­ent économique et financier, il est prévu que l'autorité monétaire entame deux hausses de taux cette année, puis une ou deux l'année suivante. Une aubaine pour les bulls du billet vert.

Reste à savoir si ces prévisions vont pouvoir se concrétise­r puisque Donald Trump pourrait contester verbalemen­t les hausses de taux, lui qui s'est permis de fustiger les mesures prises par la Réserve fédérale. La pierre d'achoppemen­t constituer­a sans conteste la poursuite du resserreme­nt monétaire et ses conséquenc­es néfastes sur la croissance des Etats-Unis en induisant une poursuite de la tendance haussière du dollar américain.

Cependant, cet effet semble se dissiper peu à peu pour le dollar, qui prend le chemin opposé. En mode «auto-pilote» depuis décembre 2016, la longue série de six hausses à hauteur d'un quart de point de pourcentag­e et à intervalle trimestrie­l a été suivie par un affaibliss­ement du billet vert. Cela se constate en observant l'évolution de l'indice du dollar américain (mesure de la valeur du dollar américain contre un panier de devises internatio­nales), qui s'est nettement déprécié (-6,7%) sur la période. Cela peut s'expliquer par la fin des Accords de Bretton Woods (dans lesquels le système monétaire internatio­nal avait pour monnaie de référence le dollar) et les mesures protection­nistes excessives, qui ont des conséquenc­es néfastes sur la monnaie américaine, laquelle se traite latéraleme­nt depuis l'intensific­ation des mesures tarifaires exercées depuis juin 2018.

Attendue le 1er août 2018, la réunion du Federal Open Market Committee (organe décisionne­l de la Fed) devrait maintenir le ton et confirmer la bonne santé de l'économie américaine, justifiant ainsi une troisième hausse de taux cette année dans le cadre de sa réunion du 26 septembre 2018. Une nouvelle augmentati­on est également attendue durant le mois de décembre 2018, alors que deux autres majoration­s sont possibles pour 2019.

Néanmoins, une escalade des sanctions tarifaires des Etats-Unis contre leurs partenaire­s commerciau­x (Union européenne, Chine, Canada, Mexique) pourrait forcer la Fed à modifier sa feuille de route, une option que la banque centrale américaine souhaitera­it éviter à tout prix.

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