Le Temps

Vaud sanctionne deux bouchers dénoncés par des antispécis­tes

- SYLVIA REVELLO @sylviareve­llo

Mis en cause dans des vidéos clandestin­es tournées en 2017, les profession­nels de Mont-sur-Rolle ont perdu leur autorisati­on d’exercer pour ne pas avoir étourdi leurs bêtes avant de les tuer

La sanction est tombée. Epinglés dans des vidéos tournées par la militante antispécis­te Virginia Markus à l’automne 2017, deux bouchers-charcutier­s de l’abattoir de Mont-sur-Rolle (VD) ont perdu leur autorisati­on d’exercer. Il est en effet apparu qu’ils tuaient leurs bêtes sans les avoir étourdies au préalable, ce qui est pourtant obligatoir­e.

Par conséquent, les deux profession­nels n’ont plus le droit «d’exercer une activité profession­nelle en lien avec l’abattage d’animaux sur tout le territoire suisse», selon une décision du Service de la consommati­on et des affaires vétérinair­es du canton de Vaud. Ils écopent par ailleurs de 30 jours-amendes avec sursis. «L’étourdisse­ment est un principe primordial auquel on ne peut pas déroger, rappelle le vétérinair­e cantonal, Giovanni Peduto. Les bouchers profession­nels le savent et l’appliquent dans leur immense majorité.»

Premier abattoir sanctionné

C’est la première fois qu’une telle sanction touche un abattoir dans le canton de Vaud. En revanche, des interdicti­ons de détention ont déjà été prononcées à l’encontre d’éleveurs. «Toutes nos mesures ne sont pas autant médiatisée­s, souligne le vétérinair­e cantonal. Il y a parfois des manquement­s, qui nécessiten­t des ajustement­s sans aller jusqu’à l’interdicti­on.»

Dans ce cas précis, l’interdicti­on d’exercer est émise à durée indétermin­ée. «Dans l’absolu, les bouchers sanctionné­s sont libres de déposer une nouvelle demande dans quelques années, arguant par exemple qu’ils ont amélioré leur technique», précise Giovanni Peduto.

«Avec cette sanction exemplaire, le message renvoyé est fort, salue Virginia Markus. On assiste à un véritable tournant dans l’histoire du droit des animaux.» La militante antispécis­te ne crie pas victoire pour autant: «Le système perdure, des animaux continuent de mourir chaque jour dans les 620 abattoirs de Suisse.»

Après la diffusion des images chocs, où l’on voyait des cabris égorgés encore conscients, des agneaux pendus par une patte avant la mise à mort ou encore des cochons battus, l’abattoir de Rolle avait été fermé provisoire­ment. Le Service de la consommati­on et des affaires vétérinair­es avait ouvert une enquête.

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