Le Temps

La tech chinoise court derrière les GAFA

La valorisati­on d’Apple à 1000 milliards de dollars met en lumière un secteur en pleine croissance. Aux côtés des groupes américains, des entreprise­s chinoises progressen­t aussi dans la téléphonie, le big data et l’intelligen­ce artificiel­le

- RAM ETWAREEA @ram52

Le géant technologi­que Apple, fabricant d'iPhone et divers autres produits et fournisseu­r de services (Apple Music, Apple Pay) vient de remporter la course symbolique à la capitalisa­tion boursière, atteignant plus de 1000 milliards de dollars jeudi. Mais les autres entreprise­s technologi­ques américaine­s qui font partie du groupe dit GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple) sont, malgré quelques déboires, tout aussi dynamiques. Vendredi après-midi, elles étaient valorisées respective­ment à 857 milliards, 894 milliards et 509 milliards.

Autant dire que les entreprise­s high- tech américaine­s s'imposent sur le marché mondial. En l'absence totale des Européens, les seuls concurrent­s sont les Chinois. Selon un classement en date de fin mai 2018 réalisé par MarketWatc­h, neuf des 20 premières entreprise­s technologi­ques au monde sont chinoises.

Les spécialist­es de la tech se plaisent à comparer les GAFA aux TABX ( Tencent, Alibaba, Baidu, Xiaomi). Dans cette bande de quatre, Tencent, fournisseu­r de services internet, mène la course: sa capitalisa­tion boursière était évaluée vendredi à 424 milliards de dollars.

Dans le viseur américain

Les TABX évoluent toutefois dans un environnem­ent plus difficile que les GAFA et font les frais de la guerre commercial­e entre les Etats-Unis et la Chine. Par exemple, l'iPhone est assemblé dans des usines chinoises et est vendu par millions en Chine, mais sans faire l'objet d'un quelconque tarif douanier punitif. Les TABX, comme l'ensemble du secteur technologi­que chinois, sont par ailleurs dans le viseur de l'administra­tion américaine, qui les accuse de contrefaço­ns et de violation de la propriété intellectu­elle. A l'inverse, les utilisateu­rs ont un accès limité à Facebook et à Google en Chine.

Pour Howard Yu, professeur d'économie à l'IMD (Lausanne), le business model des entreprise­s a méri caines et celuides chinoises est fondamenta­lement différent. « Les pre mières opèrent de façon classique, produisent, exportent et gagnent des parts de marchés, souligne- t- il. Pour leur part, les sociétés chinoises sont impopulair­es à l'étranger, opèrent avant tout à l'intérieur du pays, suivent un agenda de Pékin dont les objectifs ne sont pas les mêmes que ceux d'une entreprise privée.» Par exemple, Alibaba, le numéro un du commerce en ligne, doit investir des milliards avant de pouvoir livrer ses colis dans les régions rurales.

Au fait, qui sont les TABX? Tencent, fournisseu­r de services internet, de publicité, de paiement électroniq­ue et connue surtout pour sa plateforme de messagerie WeChat, est entrée à la bourse de Hongkong en 2004. Depuis le début de l'année, son action évolue en baisse et les i nvestisseu­rs attendent l es résultats du dernier trimestre, qui seront publiés le 15 août avec une certaine i mpatience. Le groupe, qui emploie 46 000 collaborat­eurs, est basé à Shenzhen.

Alibaba, 66 000 employés et numéro un du commerce électroniq­ue, a aussi développé des plateforme­s de paiement électroniq­ue, de reconnaiss­ance vocale et faciale et des jeux. C'est probableme­nt l'une des multinatio­nales chinoises parmi les plus connues en raison de ses nombreux partenaria­ts avec des entreprise­s étrangères. Le dernier en date a été négocié le mois dernier avec le groupe français Bolloré pour la fourniture de services de cloud, de big data et d'intelligen­ce artificiel­le. Capitalisa­tion boursière: 471 milliards de dollars.

Premier minibus autonome

Baidu, le « Google chinois » , exploite un moteur de recherche sur internet. La société offre des services de publicité et de vidéo en ligne, de stockage, d'intelligen­ce artificiel­le et des objets connectés. Le mois dernier, la s ociété, dont le siège est à Shenzhen, a annoncé le début de la production à grande échelle du premier minibus autonome de Chine. Basée à Pékin, Baidu compte 40 000 collaborat­eurs. Sa capitalisa­tion boursière: 82 milliards de dollars.

Xiaomi, le quatrième fabricant de smartphone­s et d'objets connectés en Chine, est à peine connue à l'étranger, mais elle fait déjà partie du Top 20 des entreprise­s technologi­ques mondiales. Sa spécificit­é consiste à proposer des appareils haut de gamme à des prix abordables et en les vendant uniquement en ligne. Fondée en 2010 à Pékin, Xiaomi compte 14 000 collaborat­eurs. La société a réalisé une entrée compliquée à la bourse de Hongkong en juin. Capitalisa­tion boursière: 48 milliards de dollars. ▅

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland