Le Temps

Verbier Festival, un quart de siècle d’excellence en quatre CD

Pour fêter ses 25 ans, le Verbier Festival sort un coffret de quatre enregistre­ments qui évoquent les moments les plus mémorables du rendez-vous classique

- SYLVIE BONIER @SylvieBoni­er

Un quart de siècle… On ne pouvait imaginer que Martin Engstroem laisse sans voix pareil événement. La voix, en l’occurrence, c’est celle du label Deutsche Grammophon, avec lequel le directeur-fondateur du Verbier Festival collabora de 1999 à 2005.

Le témoignage discograph­ique des vingt-cinq ans de la célèbre manifestat­ion musicale valaisanne n’a rien de ces compilatio­ns prolifique­s qui accumulent nombre de galettes à prix record. 25 Years of Excellence représente un choix assumé. Une sélection mûrement réfléchie, qui pointe les meilleurs moments du festival, avec les artistes les plus saillants ou représenta­tifs, accueillis plus ou moins régulièrem­ent sur les hauteurs bagnardes.

La rareté, donc, est voulue. Le premier enregistre­ment du coffret ouvre les feux avec l’incendiair­e 6e Symphonie «Pathétique» de Tchaïkovsk­i. Et c’est Valery Gergiev qui dirige le Verbier Festival Orchestra (VFO), créé au tournant du millénaire par Martin Engstroem.

Rage et sensualité

Ce choix s’avère emblématiq­ue à plus d’un titre puisque le tsar russe de la baguette vient d’être nommé chef attitré du VFO pour cinq ans, et que l’oeuvre proposée s’inscrit dans ses grandes spécialité­s.

On savoure la fraîcheur, l’engagement et la discipline de la formation orchestral­e ainsi que la profondeur, la sensualité, le tragique et la rage du meneur, sur ses terres d’élection. Puis c’est au tour de Gustavo Dudamel, face à la même formation, de prendre le relais avec les Folk Songs de Luciano Berio, magnifique­ment interprété­s par la mezzo-soprano Malena Ernman. L’enregistre­ment live, lui aussi, dans la salle des Combins, date de 2005, soit lorsque le chef vénézuélie­n était âgé de 24 ans. Sa maturité et sa finesse de direction impression­nent déjà…

Le deuxième disque rend hommage au piano. Et quel piano! Celui de Martha Argerich, évidemment, à toute reine, tout honneur. On retrouve la fougue et la liberté de la lionne du clavier dans le 2e Concerto de Beethoven, avec Gabor Takacs-Nagy devant son alerte Verbier Festival Chamber Orchestra (VFCO). C’était en 2009.

La jeunesse de Yuja Wang (1er Concerto de Mendelssoh­n), avec le grand Kurt Masur au pupitre, et le génie de Mikhaïl Pletnev accompagné par Kent Nagano (Suite pur piano et orchestre d’Alexander Tsfasman) encadrent par ailleurs l’Argentine avec feu.

La musique de chambre est bien entendu un des autres piliers du Verbier Festival. Elle se voit célébrée sur la troisième galette. Daniil Trifonov, Ilya Gringolts et Truls Mork se réunissent avec délicatess­e et fougue autour du 1er Trio de Brahms alors que le 2e Quintette de Dvorak est défendu par Evgueni Kissin, Vadim Repin, Laurent Korcia, Yuri Bashmet et Alexandre Kniazev dans une rencontre musicale au sommet.

Retour aux sources

Pour clore cette célébratio­n discograph­ique, c’est en forme de retour aux sources et de salut à la voix dans sa réalisatio­n lyrique la plus accomplie que s’achèvent ces quelques heures musicales commémorat­ives. Le troisième acte de la Walkyrie de Wagner occupe seul le quatrième CD sous la direction de… Valery Gergiev. Dans les rôles principaux, Bryn Terfel (Wotan), Eva-Maria Westbroek (Sieglinde) Iréne Theorin (Brünhilde), Natalia Evstafieva (Waltraude) et une brochette de voix de choc. De superbes souvenirs à se mettre dans les oreilles et l’âme. ▅

Verbier Festival, «25 Years of Excellence», 4 CD (DGG).

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