Le Temps

Des milliards d’économie en contrôlant les factures

- JOCELYN DALOZ @jocelyn_daloz

Santésuiss­e affirme, étude à la clé, que les vérificati­ons des assureurs sont très efficaces. A l’entendre, un contrôle étatique serait inutile

Les contrôles des factures médicales effectués par les assureurs permettent de réaliser une économie substantie­lle de près de 3 milliards de francs sur les coûts de la santé pour la seule assurance de base. C’est ce que constate une étude menée pour Santésuiss­e, l’associatio­n faîtière des assureurs, dont Le Temps a pu prendre connaissan­ce.

Cette étude a été réalisée par l’Institut d’études économique­s de Bâle (ISWB) sur la base de chiffres fournis par les assureurs pour l’année 2016, en analysant 140 millions de factures traitées cette année-là, qui correspond­ent à un montant de 40 milliards de francs sur la seule assurance de base. Avec les assurances complément­aires, l’économie due aux contrôles se monte à 3,5 milliards.

Rien que chez Concordia, membre de Santésuiss­e, les contrôleur­s rejettent 370000 factures, sur un total de 7,5 millions par an, et refusent de payer jusqu’à 300 millions de francs de prestation­s. Sans ce contrôle, l’étude estime que les primes maladie auraient grimpé de 10,4% en 2016. Moins les caisses maladie déboursent d’argent, moins elles ont besoin d’augmenter leurs primes.

La plus grande associatio­n d’assureurs du pays a commandé cette étude pour répondre à un groupe d’experts mandaté par le Conseil fédéral, qui préconise de créer un organe de contrôle étatique des factures. Réuni fin 2016 par les sept Sages pour chercher des moyens de réduire les coûts de la santé, le groupe d’experts a rendu ses observatio­ns à l’automne de l’année dernière. Dans ces conclusion­s, il énumère 38 mesures qui permettrai­ent de réduire les coûts, dont celle sur le contrôle étatique qui a fait réagir Santésuiss­e. Les experts espèrent, en centralisa­nt le contrôle des factures, réaliser des économies d’échelle.

Le rapport des experts, qui sera mis en consultati­on cet automne, annonce d’emblée que les coûts de la santé sont amenés à augmenter au cours des prochaines années et qu’il est donc vital que les partenaire­s de la santé fassent des efforts de concert.

«Pas besoin d’organisati­on étatique»

Par son étude, Santésuiss­e entend démontrer que tout est déjà mis en oeuvre par les assurances pour qu’aucun montant ne soit indûment payé. «Notre système de santé n’a pas besoin d’organisati­on étatique de vérificati­on des factures de médecins et d’hôpitaux», assure Verena Nold, directrice de l’organisati­on faîtière des assureurs. Elle recommande de faire confiance aux assurances maladie, «qui disposent de l’expertise nécessaire pour vérifier le remboursem­ent des frais médicaux. De plus, les caisses sont motivées. Il relève après tout de leur propre intérêt de gérer les primes de manière responsabl­e.»

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