Donner du crédit à la ( faible) croissance
La torpeur de l’été touche également les marchés développés. Il y a bien ici ou là quelques titres – et des devises émergentes - qui dévissent ou qui s’envolent suite à leurs publications de résultats, mais en surface, c’est le calme plat. La volatilité est revenue à un niveau extrêmement bas, les bourses remontent, les taux d’intérêt ne varient guère et les taux de change demeurent dans des fourchettes étroites.
Il faut dire que les récentes données macroéconomiques tout comme les dernières réunions de banque centrales (Etats-Unis, Royaume-Uni et Japon) n’ont pas révélé de surprises majeures. La croissance demeure satisfaisante, même si elle tend à se ramollir en dehors des Etats-Unis, toujours aucun signe d’inflation à l’horizon et les taux d’intérêt restent globalement bas.
Mini-séisme
Tout cela ne paraît pas terrible de prime abord, mais c’est en fait bien mieux – dans le contexte actuel – qu’un scénario de surchauffe! A l’instar des craintes que l’on a eues en début d’année où le spectre de l’inflation et la crainte d’une brusque et violente remontée des taux ont engendré un miniséisme sur l’ensemble des marchés.
Du coup, les actions américaines font de nouveau l’unanimité auprès des stratégistes qui leur préféraient plutôt l’Europe ou le Japon en début d’année, pour leurs caractéristiques plus cycliques et leurs niveaux d’évaluation plus attrayants.
What else? Comme dirait la pub… D’une part elles sont devenues «moins chères» qu’au début d’année, suite à la forte progression de leurs bénéfices au cours du premier semestre, et, d’autre part, elles ne souffrent pas (encore) d’une éventuelle concurrence des rendements obligataires à long terme… grâce aux perspectives bien moins brillantes pour le reste du monde occidental. Quant aux marchés émergents, c’est encore beaucoup trop rock-androll pour risquer de s’y aventurer !
Bon pour les zombies
Il serait évidemment facile de jouer maintenant les Cassandre et de voir, au-delà du calme actuel, la tempête qui s’annonce depuis les côtes turques. Mais j’ai plutôt le pressentiment que le vrai drame se joue en arrière-plan, sur un horizon de temps bien plus long.
Nous sommes en effet déjà prisonniers, notamment en Europe, du même cercle vicieux que l’économie japonaise: croissance molle, absence d’inflation, endettement public et/ou privé qui ne cesse de grimper avec des taux qui ne peuvent donc que rester bas.
Dans ce contexte, pour tous ceux qui ne supportent pas, ne veulent pas ou ne peuvent pas de prendre de grands risques (NB: ils sont d’autant plus nombreux que nos sociétés vieillissent), il ne leur reste qu’un choix pour tenter de générer un faible rendement au-delà de la pourtant bien maigre inflation: investir dans des obligations de bonne qualité dans des devises «fortes» et participer ainsi au financement, à vil prix évidemment, de la situation actuelle. Malgré qu’ils soient en apparence moins forts qu’un Turc, les zombies occidentaux ont encore de beaux jours devant eux.