Retrouvailles de familles séparées en Corée
Un convoi de quatorze autocars, transportant 89 Sud-Coréens, est parti lundi vers une station de ski nord-coréenne pour trois jours de retrouvailles. Ce sont les premières réunions depuis trois ans
Plusieurs dizaines de Sud-Coréens ont pu lundi serrer dans leurs bras leurs parents du Nord qu’ils n’avaient plus revus depuis la guerre de Corée (19501953), à l’occasion de retrouvailles poignantes au sein de familles séparées depuis des décennies.
Cette nouvelle série de bouleversantes réunions de familles, les premières du genre depuis trois ans, a débuté dans la station de montagne nord-coréenne du mont Kumgang. Elles sont une illustration supplémentaire de la remarquable détente entre le Nord et le Sud, après des années de montée des tensions en raison des programmes nucléaire et balistique de Pyongyang.
Elles ont été l’occasion de retrouvailles émouvantes entre des personnes forcément âgées qui ont été contraintes de vivre leur existence séparées, de part et d’autre du ruban de mines et de barbelés qui divise la péninsule coréenne depuis soixante-cinq ans.
Beaucoup des Nord-Coréennes portaient la robe traditionnelle. Et tous les Nord-Coréens portaient un badge avec le portrait du fondateur du régime, Kim Il-sung, ou de son successeur, Kim Jong-il. Côté Sud-Coréens, nombreux étaient aussi ceux qui s’étaient mis sur leur trente et un.
Millions de personnes séparées
Des millions de personnes ont été séparées de membres de leur famille par ce conflit qui a scellé la division hermétique de la péninsule. Aucun traité de paix n’ayant été signé, Nord et Sud sont encore, techniquement, en état de guerre, et toute communication civile est rigoureusement proscrite. Depuis 2000, les deux camps ont organisé 20 séries de réunions de familles, au gré de l’amélioration des relations bilatérales.
Mais, soixante-cinq ans après l’armistice, le temps est compté pour les survivants. Initialement, 130000 Sud-Coréens s’étaient portés candidats en 2000 pour ces réunions. L’immense majorité d’entre eux sont aujourd’hui décédés. La plupart des survivants ont plus de 80 ans. Le doyen, cette année, s’appelle Baik Sung-kyu et a 101 ans.
Rencontres trop courtes
D’ici à mercredi, les participants passeront environ onze heures avec les membres de leur famille au Nord, souvent sous la supervision d’agents nord-coréens, avant de se séparer à nouveau, probablement pour toujours.
Ceux qui ont participé par le passé à ces rencontres ont souvent regretté que ce soit trop court. La plupart ont aussi raconté à quel point les «adieux», à la fin des trois jours, pouvaient être éprouvants.
D’autres ont été consternés par le fossé idéologique les séparant. Quelques-uns, par ailleurs, ont eu toutes les peines du monde à renouer après des décennies de séparation, et en raison de leur grand âge.
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