Le faux pas de M. Cassis
Je suis naturalisée et fière de l’être. Etant née à Montréal de parents canadiens, je suis donc double-nationale. J’ai beaucoup reçu de mon pays d’adoption, la Suisse, et, j’ose le croire, y ai aussi contribué à parts égales. Un faux pas a été fait le jour où l’un de nos conseillers fédéraux, répondant aux chantres d’une supposée suissitude bien chimérique, renonçait à sa jusque-là nationalité italienne… et cela sans qu’il y soit obligé et juste avant d’arriver à la fonction suprême. Quand bien même le «peuple» déciderait un jour de suivre le discours populiste et nombriliste d’une certaine frange politique en m’obligeant à renoncer à l’une de mes deux nationalités, qui est assez bête pour croire que, du coup et par miracle, je perdrais une partie de mon identité forgée par 30 ans de parcours en Amérique du Nord et 25 en Suisse? Et mon accent, […] deviendrait-il suspect au point où je devrais me taire pour faire place aux «vrais» citoyens suisses? Les comportements de certains joueurs de l’équipe de Suisse de football durant la Coupe du monde étaient anti-sportifs, provocateurs et ont été sanctionnés correctement et à raison. De là à se servir de leurs gestes inappropriés pour soulever le couvercle du nauséabond discours nationaliste en nous faisant passer, nous les binationaux et autres multinationaux, pour des quasi-Suisses, est réducteur et minable. Malheureusement, un de nos dirigeants a laissé s’entrouvrir le couvercle pour le grand plaisir de certains qui suivent un courant qui nous mènera droit dans le mur!
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