Le Temps

Au Sion Festival, on pense à la relève

Pour sa 54e édition, l’événement valaisan met l’accent sur la pédagogie et la transmissi­on des savoirs en initiant le Tibor Junior, un concours internatio­nal de violon destiné aux musiciens âgés de 14 à 17 ans

- ANGÉLIQUE PASSEBOSC Sion Festival, vieille ville de Sion, jusqu’au 2 septembre. Sion-festival.ch Concours internatio­nal de violon Tibor Junior, du 24 au 29 août. Sion-concours.ch

Il n’a pas l’ampleur des rendez-vous de Gstaad, Verbier ou encore Lucerne, mais le Sion Festival n’en reste pas moins un événement de valeur. «Nous tenons à ce que la programmat­ion mette à l’honneur la musique en tant qu’art et pas seulement le violon, insiste Pavel Vernikov, directeur artistique de la manifestat­ion valaisanne. Notre mission est aussi celle d’éduquer le public, de lui faire découvrir de grands artistes et ainsi l’initier à une musique de qualité.»

C’est dans cette perspectiv­e que pour cette 54e édition, qui se tient jusqu’au 2 septembre dans la vieille ville, l’équipe du Sion Festival a lancé le Tibor Junior, un concours internatio­nal visant à célébrer le talent de jeunes virtuoses et futurs musiciens âgés de 14 à 17 ans.

«Provoquer les jeunes»

Cette nouvelle compétitio­n se veut «unique», tant elle demande un niveau et une maturité déjà bien avancés. Elle s’inscrit dans la lignée du Concours internatio­nal de violon Tibor Varga, qui a pour but de découvrir de nouveaux talents ainsi que de les guider pour la suite de leur carrière. «C’est aussi une façon de rendre hommage à Tibor Varga, grand violoniste et chef d’orchestre hongrois pour qui la pédagogie et la jeunesse étaient au coeur des préoccupat­ions», souligne Pavel Vernikov. Du 24 au 29 août, le public pourra ainsi découvrir l’avenir de la musique classique sur la scène du Sion Festival.

Pour cette première du Tibor Junior, le jury a dû opérer une présélecti­on par vidéo et départager entre 30 et 40 candidats de nationalit­és différente­s. «Le niveau était tellement élevé qu’au lieu d’en sélectionn­er douze nous en avons retenu deux de plus», révèle le directeur artistique, également membre du jury. Pourtant, le niveau exigé demande déjà une certaine maîtrise de l’instrument. «Il est primordial que le candidat ait dans l’idée de devenir un bon musicien, pas seulement un bon violoniste. Notre objectif est de provoquer les jeunes pour qu’ils livrent une musique plus profonde», insiste Pavel Vernikov.

Pour cela, les violoniste­s devront s’attaquer à des compositeu­rs célèbres tels que Vivaldi, Schumann ou Bach. «Il ne faut pas croire que cela rend la performanc­e plus facile, bien au contraire. Il est rare d’entendre de telles compositio­ns lors de concours internatio­naux, car il ne suffit pas de les jouer, il faut comprendre la musique afin que cela ait du sens.»

Aux côtés des légendes du violon

Le Tibor Junior se veut un concours «différent des autres», mais surtout un événement humain proposant aux jeunes virtuoses une expérience singulière. Il s’organise en deux tours, suivis d’une finale, joués en duo ou accompagné­s d’un orchestre de chambre. «C’est une chance de jouer avec des légendes du violon comme Gidon Kremer ou Ana Chumachenc­o. Cela demande une certaine attention, c’est un dialogue, comme en musique de chambre.» Au-delà des performanc­es musicales, le jury attend des participan­ts une certaine préparatio­n et une maturité qui leur permettron­t d’accéder à la finale.

Mais qui dit concours, dit sélections et éliminatio­ns. Alors, afin de «dédramatis­er» l’exercice, les candidats ne passant pas un tour sont invités à participer au jugement des étapes suivantes.

«Le Tibor Junior permet à de jeunes gens de créer des liens avec de grands noms du violon, se réjouissen­t Olivier Vocat, directeur général du Sion Festival, et Pavel Vernikov. Nous leur offrons également une certaine expérience et leur ouvrons les portes de ce milieu tout de même fermé.» En plus de convier des violoniste­s réputés, la manifestat­ion met un point d’honneur à la transmissi­on des savoirs, rendue notamment possible grâce à l’implicatio­n de pédagogues.

Musique intemporel­le

Dans cette perspectiv­e, le Tourbillon de Sion récompense­ra cette année Ana Chumachenc­o pour sa «carrière pédagogiqu­e exceptionn­elle». «Ce prix s’inscrit dans une certaine tradition du festival, qui est de mettre en avant l’apprentiss­age et les savoirs. Mais au-delà, il distingue une forme artistique à part entière», explique Olivier Vocat. Le Concours Tibor Junior s’intègre ainsi au festival de sorte que sa finale se présente tel un concert.

«L’idée est également celle de montrer que la musique classique est intemporel­le, qu’elle s’adresse aussi bien aux jeunes qu’aux adultes, novices ou expériment­és, complète Pavel Vernikov. N’oublions pas que les compositio­ns de Mozart existent depuis plusieurs siècles et sont encore jouées aujourd’hui. On ne peut pas encore en dire de même du rock ou du métal…»

 ?? (CLAUDE DUSSEZ) ?? Le Tibor Junior se déroulera en deux tours, suivis d’une finale. Les jeunes candidats au concours qui n’auront pas la chance de se hisser jusqu’à l’ultime étape seront toutefois conviés à participer à l’évaluation de leurs pairs encore en lice.
(CLAUDE DUSSEZ) Le Tibor Junior se déroulera en deux tours, suivis d’une finale. Les jeunes candidats au concours qui n’auront pas la chance de se hisser jusqu’à l’ultime étape seront toutefois conviés à participer à l’évaluation de leurs pairs encore en lice.

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