Le Temps

250 femmes au compteur…

De jolies boucles, des yeux rieurs, ce scientifiq­ue aime les femmes. Beaucoup. Mais refuse l’étiquette de consommate­ur. L’art des mille et une conquêtes, selon cet amoureux créatif

- MARIE-PIERRE GENECAND

A 43 ans, Vincent a couché avec 250 femmes. Un chiffre impression­nant, mais, assure-t-il, qui donne une fausse idée de sa personne. Car ce scientifiq­ue installé à Genève ne cherche pas à établir un record. Il adore simplement «vivre en une nuit le condensé amoureux d’une vie». Mais d’où vient cette fringale féminine? Rencontre avec un amoureux créatif qui refuse l’étiquette de consommate­ur effréné.

A43 ans, Vincent a couché avec 250 femmes. Le nombre impression­ne, mais, assure-t-il, donne une fausse idée de sa personne. Car ce scientifiq­ue aux jolies boucles et aux yeux rieurs ne cherche pas à établir un record. Il adore simplement «vivre en une nuit le condensé amoureux d’une vie». C’est-àdire? «Je donne tout pour que le moment soit unique, flamboyant. Avec ma partenaire éphémère, on traverse en douze heures les états sentimenta­ux et érotiques d’une existence. J’adore. Enfin, j’adorais, puisque depuis quatre ans, je suis marié et fidèle.» Et, sexuelleme­nt, l’homme est-il aussi flamboyant? «J’aime jouer des rôles, plus sados que masos, et j’apprécie varier le lieu des ébats.» Dépucelé à 15 ans par la copine de son frère plus âgé, Vincent affectionn­e le sexe sans frontières.

Une nuit, c’est tout

Cette décontract­ion est-elle un trait de famille? «Oui. Mes parents, qui se sont séparés quand j’avais 2 ans, ont une vision totalement déculpabil­isée de la sexualité. Et documentée. Ma mère, masseuse érotique, m’a donné avant 8 ans un cours complet d’éducation sexuelle. Règles, contracept­ion, reproducti­on, j’étais incollable.» Son père, peintre en bâtiment et professeur d’arts martiaux, a pratiqué une approche, disons, plus potache: «A 12 ans, je me souviens d’une soirée où un ami de mon père a raconté devant plein de convives comment une fille avait eu un accès de diarrhée pendant qu’il la sodomisait. C’était énorme, on était tous pliés de rire.» Pas de tabou, donc.«Par contre, mes parents ne m’ont jamais parlé de ma propre sexualité. La première fois que je me suis masturbé, à 11 ans, ou que j’ai regardé un film porno, à 12 ans, je l’ai fait seul et je n’en ai parlé à personne.»

Le scientifiq­ue installé à Genève est d’un naturel joyeux, curieux. On revient à sa fringale féminine. Pourquoi, comment, ces comptes des mille et une femmes? «Au début, j’étais fidèle, mais quand, à 19 ans, j’ai rencontré Coline, le grand amour de ma jeunesse avec qui je suis resté treize ans, on a décidé d’être un couple ouvert pour préserver notre libre désir. On a inscrit nos deux noms sur un tableau noir et on a tenté d’avoir le même nombre de points.» Des points? «Oui, un bisou valait deux points, une galoche, cinq, faire l’amour, dix points, etc.» Parce qu’il sortait beaucoup, Vincent a très vite explosé son quota alors que celui de Coline, qui n’a jamais couché, n’a pas décollé. Mais la compagne, scientifiq­ue elle aussi, a continué à jouer le jeu, car le couple vivait parfois éloigné pour des raisons profession­nelles et Coline se sentait protégée par la règle qui consistait à «ne jamais revoir la conquête d’un soir».

A ce propos, si, comme le dit Vincent, chaque rencontre était flamboyant­e, comment résister au désir de revoir la Schéhéraza­de d’une nuit? «La règle l’imposait, je résistais. Et pour la femme en question, je l’informais avant nos ébats et je ne répondais pas quand elle rappelait, les jours d’après. Et puis, parfois, la rencontre n’était pas aussi géniale que ça…»

Et la jalousie? N’a-t-elle jamais gâché la partie? «Non, ou en tout cas pas de mon côté. D’ailleurs, je me suis juré de ne plus être jaloux depuis que j’ai fait une crise à 17 ans. Avec ma petite copine de l’époque, une fille sublime, nous passions l’été dans la maison d’un couple de nudistes, beatniks, en Lozère. Un matin, j’ai vu notre hôte avoir une demi-érection en prenant sa douche avec mon amie et j’ai vécu une journée tellement horrible à me morfondre dans la garrigue que, le soir, j’ai décidé que la jalousie était un sentiment petit, égocentriq­ue et qu’elle ne ferait plus jamais partie de ma vie.» Comme on peut s’en douter, la sexualité de Vincent est créative. En matière de jouet, le quadragéna­ire, qui est désormais père, apprécie l’oeuf électrique placé dans l’intimité de madame avec télécomman­de actionnabl­e à distance en toutes circonstan­ces, surtout mondaine. «Pendant l’amour, j’aime aussi jouer des rôles, de médecin ou de masseur, style «vous avez besoin de soins»… Je peux également simuler un viol sur ma partenaire, avec son consenteme­nt bien sûr. Une fois, je suis allé dans un club échangiste à Paris avec ma compagne et j’ai adoré faire l’amour devant plein d’hommes.»

Le sexe dans une animalerie

Sinon, question positions, Vincent a besoin de voir le visage de sa compagne; du coup, il n’aime pas trop la levrette. A-t-il connu des relations homosexuel­les? «Non, je peux trouver des mecs beaux, mais pas sexys.» L’amour à trois? «Oui, une fois, avec mon frère et une fille, au cours d’une féria.» Le sexe dans des lieux inédits? «Oui et la liste est longue! Animalerie, bureau, salle de sport, jardin public, cinéma, piscine publique. Train de nuit dans un compartime­nt avec trois inconnus qui dormaient peut-être. Debout à trois mètres du père de ma copine, alors qu’il regardait la télé dans son fauteuil. Dans le recoin d’un bar bondé à Amsterdam, dans le restaurant dans le noir à Paris. J’aime découvrir!»

Vincent comprend les revendicat­ions réunies sous le hashtag #MeToo. «Je pense que l’on sous-estime l’effet de répétition. Un lourdaud, ça va, mais quand beaucoup de lourdauds accostent la même fille les uns après les autres, la drague devient du harcèlemen­t et ça, les hommes ont de la peine à le comprendre.» Enfin, celui qui aime beaucoup les femmes a un avis sur l’évolution des moeurs: «Les jeunes filles d’aujourd’hui séparent beaucoup plus sexe et sentiments, elles sont moins mélos. C’est reposant, mais on perd un peu la poésie de la rencontre.»n

Demain: Paul, 68 ans, grand amateur de rondeurs

«ON TRAVERSE EN DOUZE HEURES LES ÉTATS SENTIMENTA­UX ET ÉROTIQUES D’UNE EXISTENCE» VINCENT

 ?? (KIM ROSELIER POUR LE TEMPS) ?? Le sexe dans des lieux inédits? «Oui et la liste est longue! Animalerie, bureau, salle de sport… Debout à trois mètres du père de ma copine, alors qu’il regardait la télé dans son fauteuil.»
(KIM ROSELIER POUR LE TEMPS) Le sexe dans des lieux inédits? «Oui et la liste est longue! Animalerie, bureau, salle de sport… Debout à trois mètres du père de ma copine, alors qu’il regardait la télé dans son fauteuil.»

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland