Attirer les femmes, le défi de la construction
Chaque année, 3000 apprentis manquent à l’appel en Suisse. L’organisation Sens de construction veut remédier au manque de main-d’oeuvre et améliorer la diversité du secteur
Laura Bruder, 19 ans et déjà pionnière. Elle est la première femme de Suisse à avoir réalisé un apprentissage de monteuse d’échafaudages, achevé ce mois d’août. Elle avoue avoir sousestimé l’effort physique et a dû s’entraîner pour apprendre ce métier qui lui semblait «très cool». La Bâloise terminera l’an prochain un diplôme de commerce et vise une formation continue pour devenir cheffe de chantier.
Seulement 1% de femmes maçons
Présentée mardi à la presse à Zurich, Laura Bruder fait partie d’un groupe d’une vingtaine de femmes représentant les métiers de la construction. Organisé par l’association faîtière, Sens de construction, cette conférence avait pour but de susciter des vocations pour des métiers décrits comme masculins. Mais où manquent à l’appel, chaque fin d’été, 3000 nouveaux apprentis.
La diversité existe parfois déjà. Parmi les peintres en bâtiment, 43% des apprentis sont des apprenties. A l’inverse, chez les étancheurs ou les maçons, il n’y a que 1% de femmes.
Autre défi, garder les éléments féminins: «Lorsqu’elles ont des enfants, elles arrêtent souvent de travailler», explique Beatrice Hofer, maîtresse peintre et copropriétaire d’une entreprise dans le canton de Berne. En cause, la difficulté d’obtenir des temps partiels, le manque de flexibilité des entreprises ou la difficulté de réintégrer une profession où tout change rapidement.
Les plaisanteries fusent. «Mon copain trouve que tant que mes biceps ne sont pas plus gros que les siens, c’est très bien que je fasse ce métier», rigole une constructrice métallique. «Le mien a des biceps plus petits que les miens et ça se passe très bien», rétorque une autre. Cela ne les empêche pas d’être très sérieuses sur la plus grande ouverture du secteur à leur participation, sur l’importance de leur présence et sur les attraits de la construction. «Après le travail, on voit ce que l’on a fait. C’est dingue», poursuit celle qui avait le choix entre cette filière, celle de la cosmétique ou celle de la boucherie.
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