Rente ou capital? Le fardeau fiscal devient décisif
Avec la tendance à la baisse du taux de conversion, les nouveaux retraités ont de plus en plus intérêt à privilégier le capital à la rente. En raison de la fiscalité, des différences annuelles de revenu allant jusqu’à 12 000 francs apparaissent entre les cantons
En Suisse, près de la moitié des nouveaux retraités retirent leur avoir de vieillesse sous forme de rente mensuelle tandis que 31% se décident pour un versement intégral en capital et 18% une combinaison des deux, a déclaré mardi à Zurich Jan Schüpbach, économiste chez Credit Suisse lors de la présentation d’une étude.
L’avoir de vieillesse représente souvent la majeure partie de la fortune. Il est donc important, lors du départ en retraite, de réfléchir s’il faut demander son versement sous forme de capital ou bien sous forme de rente de vieillesse. Le choix est irrévocable mais il n’est pas aisé puisqu’il dépend de nombreux facteurs.
Un choix en fonction de la commune
En raison des différences de taux d’imposition entre les cantons, le choix entre capital et rente varie d’un endroit à l’autre. A Zurich, où l’imposition des personnes physiques est inférieure à la moyenne suisse, la perception de la rente reste plus attractive que le retrait en capital dans certains cas. En revanche, à Neuchâtel, où la charge fiscale est plus lourde, un retrait en capital paraît plus intéressant du point de vue financier, selon l’étude de la grande banque. A Neuchâtel, la différence annuelle de revenu est de 2668 francs en faveur du retrait en capital par rapport à une rente, en prenant pour hypothèse un avoir de vieillesse de 500000 francs, 25 ans de retraite et un taux de rendement de 2% sur le capital.
Ces dernières années «on observe une augmentation du nombre des retraits en capital», indique Jan Schüpbach. Cette progression est toutefois liée à l’évolution démographique. «Si l’on rapporte le nombre de bénéficiaires de retraits en capital à l’évolution de la population susceptible de partir à la retraite chaque année, aucune tendance évidente ne se dégage, même si le montant moyen du capital par bénéficiaire a augmenté», affirme l’auteur de l’étude. Historiquement, les retraits en capital sont plus fréquents lors des bonnes années boursières. A l’heure actuelle, la tendance au retrait en capital devrait gagner en popularité en raison de la baisse attendue du taux de conversion, qui réduit d’autant le niveau de la rente, et du développement des plans de prévoyance 1e, destinés aux revenus supérieurs à 126900 francs.
Un montant retiré plus élevé chez les hommes
Le montant du retrait en capital atteint en moyenne 173892 francs. Les hommes perçoivent plus du double des femmes (225509 francs contre 100689). L’écart s’explique par les différences de revenus et les retraits anticipés en capital résultant d’un divorce ou d’un mariage.
Les employeurs ont de plus en plus tendance à favoriser le retrait en capital afin d’éviter des engagements de rente à long terme. Certaines sociétés imposent aux nouveaux retraités le versement d’une partie de l’avoir de vieillesse sous forme de capital, à l’image de Novartis, IBM ou Credit Suisse. Selon une enquête menée par Credit Suisse, 8% des institutions interrogées prévoient un retrait en capital obligatoire. La tendance est toutefois à la hausse puisque 12% des sondés ont décidé d’appliquer cette mesure ou en discutent. L’introduction d’une telle contrainte n’est possible que dans le régime surobligatoire (revenus supérieurs à 84600 francs) de la prévoyance professionnelle, rappelle la banque.
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A l’heure actuelle, la tendance au retrait en capital devrait gagner en popularité en raison de la baisse attendue du taux de conversion