Le Temps

De retour en Bundesliga, Lucien Favre fait déjà l’unanimité à Dortmund

La méticulosi­té et le sens du contact humain du natif de Saint-Barthélemy séduisent déjà au sein de sa nouvelle équipe. Pour son retour en Bundesliga, dont la nouvelle saison commence ce vendredi, le voilà enfin à la tête d’une grosse cylindrée

- ALEXIS MENUGE

Les années passent, le souci du détail reste pour Lucien Favre, 60 ans. Fraîchemen­t intronisé nouveau coach du Borussia Dortmund, le natif de Saint-Barthélemy a surpris la dizaine de journalist­es allemands qui suivent le club du bassin de la Ruhr au quotidien lors de sa récente tournée aux Etats-Unis en leur faisant une remarque sur la compositio­n de leur repas. «Ce que vous êtes en train de déguster [des frites] est une catastroph­e, a-t-il lancé avec un sourire malicieux. Vous devriez plutôt vous alimenter avec des patates douces. C’est bien meilleur pour la santé.»

Après deux saisons passées à l’OGC Nice, Lucien Favre a décidé de revenir en Allemagne après ses passages au Hertha BSC Berlin (20072009) et au Borussia Mönchengla­dbach (2011-2015). En Bundesliga, il a laissé un excellent souvenir. Depuis son départ, à chaque fois qu’un club réputé comme Schalke 04, le Bayer Leverkusen ou le VfL Wolfsburg limogeait son coach, son nom réapparais­sait dans les gazettes allemandes comme successeur potentiel.

Le Vaudois avait déjà été tout proche de rejoindre le vainqueur de la Ligue des champions 1997 il y a un an. Son «transfert» s’était heurté à la fermeté de responsabl­es niçois pris au dépourvu, qui n’avaient pas eu le temps nécessaire pour lui trouver un remplaçant. Depuis, Lucien Favre a toujours gardé le contact avec les dirigeants allemands et le temps est venu. Pour lui, c’est un peu un rêve qui se concrétise. Voici enfin venue l’opportunit­é de diriger un club qui dispute chaque saison la plus prestigieu­se des compétitio­ns de clubs et joue toutes les deux semaines devant plus de 80000 spectateur­s. Dans un pays, pour ne rien gâcher, où cet immense passionné apprécie tant la culture du foot et sa popularité.

Refonte de l’effectif

Le Borussia Dortmund reste sur une saison particuliè­rement décevante. Une quatrième place en Bundesliga. Une éliminatio­n dès la phase de groupes en Ligue des champions, puis dès les huitièmes de finale de l’Europa League. Alors, le club a non seulement procédé à un changement d’entraîneur, mais aussi à une profonde refonte d’un effectif qui a perdu des éléments aussi importants que Pierre-Emerick Aubameyang (Arsenal), Ousmane Dembélé (FC Barcelone), Henrikh Mkhitarian et Mats Hummels (Bayern Munich) ces deux dernières années.

Le plus joli coup a été réalisé avec l’arrivée de l’internatio­nal belge Axel Witsel (Tianjin Quanjian), qui s’est particuliè­rement distingué lors de la Coupe du monde en Russie. Au poste de gardien de but, Lucien Favre arbitrera le match entre deux de ses compatriot­es. Venu du FC Augsbourg au début de l’été, Marwin Hitz a préféré renoncer au voyage en Russie avec la Nati (dont il aurait été le numéro 3) afin de se donner les meilleures chances de convaincre son nouvel entraîneur de faire de lui un titulaire. Mais, dimanche, lors du choc contre le RB Leipzig en championna­t, comme lundi dernier à Fürth au premier tour de la Coupe d’Allemagne (2-1 après prolongati­ons), c’est bien Roman Bürki qui sera sur la pelouse. Critiqué pour avoir commis plusieurs grossières erreurs la saison dernière, l’ancien junior de Münsingen a su se remettre en question pour retrouver son meilleur niveau.

La quête d’un buteur

Satisfait de son effectif, Lucien Favre a encore deux souhaits d’ici à la fermeture du marché des transferts dans une semaine:

Tous les matins, il salue chacun de ses joueurs en leur serrant la main, une initiative qui enthousias­me ses protégés

dégraisser son groupe avec trois à quatre départs, et enrôler un buteur. Pendant la préparatio­n, il a été contraint de confier le poste d’avant-centre tantôt à Marco Reus, tantôt à Maximilian Philipp, qui sont habituelle­ment des milieux de terrain offensifs.

Depuis le départ de Michy Batshuayi (Chelsea puis Valence), dont le prêt de six mois n’a pas été prolongé, et à cause du manque d’expérience du jeune Suédois Alexander Isak au plus haut niveau, les responsabl­es du BVB tentent de dénicher la perle rare. Les noms d’Anthony Modeste, Divock Origi, Kevin Gameiro et Paco Alcacer reviennent avec insistance. La venue d’un attaquant de premier plan permettrai­t à Lucien Favre de disposer d’un effectif suffisamme­nt riche en qualité et en quantité pour à la fois rendre la Bundesliga un peu plus passionnan­te et éventuelle­ment réaliser quelques exploits sur la scène européenne.

Le Bayern, forcément favori

Au bout d’un mois et demi à Brackel, où siège le Borussia Dortmund, Favre fait d’ores et déjà l’unanimité. Son sérieux, son profession­nalisme et sa méticulosi­té plaisent à tous les étages du club. «Il fait forte impression, se félicitait Mario Götze. Son approche du métier est passionnan­te.» Pour le défenseur français Abdou Diallo, arrivé de Mayence cet été pour 25 millions d’euros, «le coach est tactiqueme­nt un as. Sous ses ordres, j’apprends énormément.»

En moyenne, Favre concocte deux séances d’entraîneme­nt par jour. Tous les matins, il salue chacun de ses joueurs en leur serrant la main, une initiative qui enthousias­me ses protégés. «Humainemen­t et sportiveme­nt, Lucien Favre est le meilleur technicien que j’aie rencontré», affirme Marco Reus, qui avait déjà travaillé avec le natif du Gros-de-Vaud entre 2011 et 2012 au Borussia Mönchengla­dbach. «Je suis intimement convaincu qu’il répondra pleinement à nos attentes, confiait pour sa part Hans-Joachim Watzke, le directeur général du Borussia. Il réunit toutes les compétence­s requises pour que notre club atteigne ses objectifs et propose un jeu alléchant.»

Comme souvent par le passé et notamment ces dernières années à Nice, Lucien Favre donne sa chance aux jeunes. A Dortmund, Maximilian Philipp, Jadon Sancho, Abdou Diallo ou encore Jacob Bruun Larsen ont en préparatio­n bénéficié d’un temps de jeu conséquent. Le successeur de l’Autrichien Peter Stöger souhaite que ses hommes soient capables de maîtriser plusieurs schémas de jeu dans un seul et même match afin de mieux surprendre l’adversaire et de se montrer les plus imprévisib­les possible.

A l’aube de cette 56e saison de Bundesliga, le Bayern Munich part largement favori à sa propre succession avec la ferme intention de décrocher un septième titre de champion consécutif, même si les Bavarois se sont montrés très discrets sur le marché des transferts en ne dépensant pas le moindre euro (arrivées «gratuites» de deux joueurs). Ils prônent la stabilité, avec un Robert Lewandowsk­i qui a dû se résoudre à rester au moins une saison de plus en Bavière et le seul départ d’Arturo Vidal au FC Barcelone.

Le Borussia Dortmund espère avoir son mot à dire. Le Bayer Leverkusen, Schalke 04 et le Red Bull Leipzig seront les autres outsiders, au même titre qu’Hoffenheim, surprenant troisième en mai dernier. Mais tous ces clubs disputeron­t aussi la Coupe d’Europe, où ils risquent bien de laisser quelques forces.

En auront-ils assez pour empêcher un nouveau cavalier seul de l’ogre munichois?

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(GETTY IMAGES) Le sérieux, le profession­nalisme et la méticulosi­té de Lucien Favre plaisent à tous les étages de son nouveau club.

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