Le Temps

Syz se lance dans le crédit immobilier

- RACHEL RICHTERICH @RRichteric­h

Le groupe bancaire genevois, spécialisé dans la gestion de fortune, proposera du financemen­t hypothécai­re à sa clientèle suisse. Les experts y voient une source de revenus destinée à pallier l’effet des taux négatifs sur ses marges

Le financemen­t hypothécai­re, c'est une activité plutôt typique des banques universell­es ou de détail. Mais c'est dans ce créneau que le groupe Syz, spécialisé dans la gestion d'actifs, veut se développer.

Faut-il y voir la patte de son nouveau chef de la gestion de fortune, Silvan Wyss, un ancien de Credit Suisse? «L'ajout de cette prestation répond à une demande de notre clientèle, qui cherche à diversifie­r son portefeuil­le à travers des investisse­ments ciblés et un conseil patrimonia­l plus global», a-t-il répondu jeudi.

Le marché helvétique du crédit hypothécai­re représenta­it plus de 974,7 milliards de francs à fin décembre 2017, selon les statistiqu­es de la Banque nationale suisse (BNS). Les deux tiers de ces financemen­ts sont octroyés par les banques cantonales et les grandes banques, les banques privées ont, elles, une part de moins de 10% dans ce marché. Pourtant, la stratégie de Syz pourrait s'avérer payante, selon Dominik Weber, du comparateu­r en ligne Comparis.ch: «Le marché n'a cessé de croître ces dernières années, il reste de la place pour de nouveaux acteurs.»

Marché moins rémunérate­ur

Or, si le volume des prêts progresse (+2,7% en 2017 par rapport à 2016), leur rémunérati­on moyenne, elle, recule (1,53% contre 1,64% en 2016). Autrement dit, les établissem­ents prêtent davantage, mais ces crédits leur rapportent moins. Pourquoi se lancer dans un marché peu rémunérate­ur? «Parce que gagner peu, c'est toujours plus intéressan­t que de perdre de l'argent», relève Roland Bron, directeur pour la Suisse romande de la société de conseil financier VZ.

L'expert se réfère à la politique de taux négatifs appliqués aux avoirs en dépôt auprès de la BNS. Celle-ci pousse les établissem­ents financiers à proposer des taux d'intérêt toujours plus bas, pour favoriser la demande de prêts. Ils évitent ainsi de laisser ces avoirs en dépôt auprès de l'institut d'émission et de payer pour cela, ou de répercuter ces frais sur leur clientèle.

«Le marché du crédit hypothécai­re n’a cessé de croître ces dernières années, il reste de la place pour de nouveaux acteurs»

DOMINIK WEBER, COMPARIS.CH

Les ambitions de Syz sont d'ailleurs mesurées: «Le volume est secondaire, nous cherchons en premier lieu à rester proche de notre clientèle suisse», indique Silvan Wyss. Mais la politique de taux négatifs ne serait pour rien dans cette stratégie «sinon nous l'aurions proposée depuis longtemps.» Reste que d'autres gestionnai­res de fortune ont déjà flairé le filon, notamment Lombard Odier et Bonhôte qui, comme Syz, se sont adjoint l'expertise d'un prestatair­e externe. Cette tendance chez les banquiers privés devrait se poursuivre, «tant que les taux appliqués aux avoirs en dépôt par la BNS resteront négatifs», conclut Roland Bron.

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