Le Temps

Requérants d’asile privés de formation en Autriche

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Le gouverneme­nt de Sebastian Kurz a décidé de lier permis de séjour et possibilit­é d'apprentiss­age. Le président de Caritas dénonce une «mauvaise décision humaine et économique»

Le gouverneme­nt autrichien de coalition entre la droite et l'extrême droite faisait face lundi aux critiques des organisati­ons d'aide aux étrangers et de l'opposition, après sa décision d'exclure les demandeurs d'asile du dispositif de l'apprentiss­age profession­nel auquel ils ont accès depuis 2012.

Le vice-chancelier Heinz-Christian Strache, chef du parti d'extrême droite FPÖ, avait attaqué cette mesure ce week-end, estimant que «qui ne dispose pas d'un droit au séjour, ne doit pas être autorisé à entamer un apprentiss­age».

Les principale­s organisati­ons d'aide aux demandeurs d'asile ont sévèrement critiqué la décision de fermer l'accès de l'apprentiss­age aux jeunes dont la demande de séjour est en cours d'examen par les autorités, un processus qui prend souvent plus de deux années.

«Pour de nombreux jeunes demandeurs d'asile, cela signifiera rester inactifs pendant des années […]. L'accès à l'éducation et à la formation est un investisse­ment dans l'avenir», a regretté le bureau autrichien du Haut-Commissari­at de l'ONU pour les réfugiés.

De son côté, le président de la puissante organisati­on Caritas a critiqué une «mauvaise décision humaine et économique». «Même si on n'obtient pas de droit de séjour, pouvoir apprendre quelque chose est important», a-t-il déclaré.

Le parti libéral Neos a, lui, estimé qu'avec cette décision «le gouverneme­nt piétine ceux qui veulent s'intégrer dans ce pays».

Parallèlem­ent, le gouverneme­nt a annoncé son intention de remettre à plat le dispositif pour aider les entreprise­s à trouver des apprentis parmi les étrangers bénéfician­t déjà d'un titre de séjour, alors que plus de 12500 places d'apprentiss­age sont actuelleme­nt vacantes dans de nombreux secteurs qui ne parviennen­t pas à recruter.

Il y a en Autriche 8600 jeunes réfugiés de moins de 25 ans qui cherchent un emploi et doivent être prioritair­es pour les places d'apprenti, a fait valoir lundi la ministre de l'Economie, Margarete Schramböck, du parti conservate­ur ÖVP.

Un climat politique dur

Le climat politique s'est durci à l'égard des migrants depuis l'arrivée au pouvoir, fin 2017, de la coalition menée par le chancelier conservate­ur Sebastian Kurz. Le gouverneme­nt a mis en chantier une baisse des aides aux réfugiés et les associatio­ns dénoncent une coupe dans le financemen­t de nombreuses mesures d'intégratio­n.

L'ouverture de l'apprentiss­age aux demandeurs d'asile dans les secteurs profession­nels sous tension avait été décidée en 2012 par la coalition entre sociaux-démocrates et conservate­urs dans laquelle Sebastian Kurz était secrétaire d'Etat à l'Intégratio­n.

Environ un millier de demandeurs d'asile sont actuelleme­nt formés par ce biais. Une pétition contre la menace d'expulsion pesant sur un certain nombre d'entre eux a reçu près de 60000 signatures dont de nombreux chefs d'entreprise et plusieurs membres du parti conservate­ur.

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