Hausse des tentatives de suicide chez les jeunes
Une étude mandatée par le canton de Neuchâtel en 2017 révèle une détresse croissante chez les jeunes de 15 ans, ainsi qu’une augmentation du cyberharcèlement
Le constat est alarmant: le nombre de jeunes de 15 ans à avoir tenté de se suicider a presque doublé dans le canton de Neuchâtel. Tel est l'un des résultats de deux études menées en 2010 et 2017 auprès de 1687 élèves de 11e année (15 ans).
L'intention du canton était de prendre le pouls de sa jeunesse. A bien des égards, on constate que la situation reste stable. Pourtant, certains indicateurs, comme l'augmentation susmentionnée et celle des cas de cyberharcèlement, suscitent l'inquiétude des Départements de l'éducation, de la police et de la santé, qui ont mandaté l'étude.
«Globalement, les jeunes de 15 ans vont bien», rassure d'emblée Jean-Claude Marguet, chef du Service de l'enseignement obligatoire. L'étude, menée par un institut du CHUV, permet néanmoins de souligner la marge d'amélioration dans des domaines tels que le climat scolaire, la lutte contre la discrimination ou le cyberharcèlement.
Chiffre alarmant
Ce qui a le plus marqué la conseillère d'Etat Monika MaireHefti, cheffe du Département de l'éducation, c'est le chiffre du taux de tentatives de suicide. De 5,9% en 2010, ce chiffre est passé à 11,2% en 2017. Le phénomène touche principalement les jeunes filles, qui sont trois fois plus nombreuses à avoir tenté de mettre fin à leurs jours que les garçons. Une donnée que ne s'expliquent ni les pouvoirs politiques ni les chercheurs à l'origine de l'enquête.
«Ce résultat est alarmant», déclare Sophie Stadelmann du CHUV. L'indicateur du taux de tentatives de suicide reste un chiffre rarement mesuré; il est dès lors difficile de le comparer avec des études similaires menées dans les cantons de Vaud et de Zurich, qui n'ont pas intégré cette donnée. En revanche, le sentiment de mal-être relevé dans le canton de Vaud est plus élevé (57%) qu'à Neuchâtel (38%).
Il n'existe pas particulièrement de pistes pour expliquer l'augmentation des tentatives de suicide, ni pourquoi elle touche plus les filles que les garçons. Raphaël Thélin, coordinateur de l'association Stop Suicide (www.stopsuicide.ch), explique que, dans la moyenne européenne, le taux de suicides est plus élevé chez les jeunes hommes, alors que le taux de tentatives est plus important chez les femmes.
Pistes pour la prévention
Face à ce phénomène, ne restent que des spéculations: les femmes tenteraient-elles davantage d'appeler à l'aide, tandis que les hommes seraient plus déterminés? Des explications qui ne satisfont pas Raphaël Thélin, car elles paraissent superficielles. Sophie Stadelmann remarque, par ailleurs, qu'il est assez connu que les filles de cet âge évaluent leur état de santé de manière négative et auraient plus tendance à intérioriser et à prendre sur elles, tandis que les garçons préféreraient extérioriser leur mal-être en consommant de la drogue ou en commettant des délits.
De 5,9% en 2010, le taux de tentatives de suicide est passé à 11,2% en 2017
Face au mal-être des jeunes et à l'augmentation du cyberharcèlement, les différents départements de l'Etat de Neuchâtel appellent à la collaboration. «J'ai peu de moyens mais beaucoup d'idées», avance Monika MaireHefti. Une des pistes les plus importantes serait de renforcer le lien avec les parents d'élèves: «La prévention commence avec les parents.»
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La Main Tendue: tél. 143 et la ligne d’aide Pro Juventute: tél. 147