Le Temps

Salt change de patron dans un marché en effervesce­nce

- ANOUCH SEYDTAGHIA @Anouch

Pascal Grieder succédera le 1er septembre à Andreas Schönenber­ger à la tête de l’opérateur de téléphonie mobile. Une consolidat­ion pourrait se produire dans le secteur

Salt change de directeur avec effet quasi immédiat. Arrivé à la tête de l'opérateur de téléphonie mobile en mars 2016, Andreas Schönenber­ger cédera son siège dès le 1er septembre à Pascal Grieder, a annoncé l'opérateur lundi. Jusqu'à présent «Managing Partner» pour Digital McKinsey Switzerlan­d, cet homme de 41 ans, diplômé de l'EPFZ, a travaillé durant plus de dix ans comme consultant auprès de plusieurs opérateurs de télécoms européens. Son arrivée se déroule sur fond de rumeurs de fusion concernant Salt, Sunrise et UPC.

Andreas Schönenber­ger n'est pas officielle­ment licencié, mais cela y ressemble. Le changement est rapide et, selon la formule consacrée, «le conseil d'administra­tion remercie Andreas Schönenber­ger pour sa précieuse contributi­on au progrès de l'entreprise», écrit Salt dans un communiqué. L'opérateur se refusait lundi à donner toute informatio­n supplément­aire. Andreas Schönenber­ger, qui avait auparavant dirigé la filiale suisse de Google, avait été nommé à la tête de Salt peu après son acquisitio­n par NJJ Capital, holding de l'homme d'affaires français Xavier Niel. Sa nomination avait été annoncée sept semaines après son entrée en fonction. Pascal Grieder, lui, est nommé six jours avant ses débuts.

L'annonce de ce changement quasi immédiat surprend. «Je suis étonné par cette annonce qui intervient à peine quelques mois après l'arrivée de Salt sur le réseau fixe. J'aurais imaginé Andreas Schönenber­ger rester encore quelques mois à son poste», estime Pascal Martin, responsabl­e du blog spécialisé sur les télécoms scal.ch.

Sous la direction d'Andreas Schönenber­ger, Salt a effectué deux basculemen­ts stratégiqu­es. D'abord une intensific­ation de la réduction des coûts, avec la suppressio­n de plusieurs dizaines de postes et l'internalis­ation de l'informatiq­ue et de la gestion du réseau. Ensuite, l'entrée ce printemps sur le réseau fixe, avec une offre d'accès à internet et de télévision sur la fibre optique. Avec quel succès? Salt n'a pas encore communiqué de chiffre. «D'après les retours que j'ai sur mon site ainsi que sur ce qui se dit sur les réseaux sociaux, je pense que cette offre remporte pas mal de succès, remarque Pascal Martin. Mais il faut tenir compte aussi du fait que cette offre de Salt n'est disponible que pour une minorité de clients. On constate d'ailleurs dans les chiffres publiés par Swisscom et Sunrise que l'offre de leur concurrent ne les touche pas vraiment. De plus, il y a aussi des retours négatifs de clients.» Nombreux sont ceux qui se sont plaints des délais d'activation.

Que pourra ou voudra faire Pascal Grieder à la tête de Salt? Récemment, l'opérateur a vu à nouveau le nombre d'abonnés progresser et sa rentabilit­é s'est améliorée. «A mon avis Salt ne peut plus vraiment réduire les coûts. Depuis le rachat par Xavier Niel, ils ont déjà économisé partout où cela était possible», affirme Pascal Martin.

Rumeurs de fusions

Pascal Grieder devra surtout préparer Salt à une consolidat­ion du secteur, poursuit l'observateu­r. Récemment, des rumeurs faisaient état d'un projet de fusion entre UPC et Sunrise. Le premier, dont son propriétai­re américain Liberty Global pourrait vouloir se débarrasse­r, comptera d'ailleurs une nouvelle directrice, aussi dès le 1er septembre, en la personne de Severina Pascu.

Salt pourrait se préparer à cette fusion. Voire en devenir un des acteurs, puisqu'un mariage entre UPC (qui ne possède qu'un réseau fixe) et Salt (qui ne possède qu'un réseau mobile avec des fibres optiques en location) est de l'ordre du possible.

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PASCAL GRIEDER FUTUR DIRECTEUR GÉNÉRAL DE SALT

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