Le Temps

Une étoile légendaire du cirque s’est éteinte

- SARA LÉGUILLON

La célèbre famille circassien­ne française vient d’annoncer le décès ce dimanche 26 août de Rosa Bouglione, à l’âge de 107 ans. Bouleversa­nt adieu à la matriarche, figure incontesté­e du monde du spectacle

Ce sera le dernier au revoir, le dernier tour de piste. Le communiqué commence par ces mots: «Adieu Madame Rosa». La doyenne mondiale du cirque a rendu son dernier souffle dans la Ville Lumière auprès des siens à son domicile, à deux pas du Cirque d’Hiver dans lequel elle s’est mariée, a passé ses plus belles années et a élevé ses sept enfants, avec une passion enflammée.

Le cirque dans la petite lucarne

Née dans une roulotte en 1910 à Ixelles, en Belgique, sous le nom de Rosalie Van Been, Rosa Bouglione y «laisse son coeur», comme elle l’écrira dans son autobiogra­phie Un mariage

dans la cage aux lions. Très tôt, le cirque devient sa raison de vivre. Elle grandit dans la ménagerie parentale et, à 14 ans, elle présente son propre numéro de danse dans une cage aux lions, sous l’oeil attentif de son père dompteur. Son coup de foudre pour un fils de gitans italiens montreurs d’ours se concrétise par un mariage en 1928.

Devenue Mme Bouglione, elle fait l’acquisitio­n avec son époux Joseph de la célèbre salle de spectacle du Cirque d’Hiver, dans le XIe arrondisse­ment de Paris. Dans ce temple du cirque, se succéderon­t les plus grandes stars internatio­nales pendant près d’un siècle, venues admirer et applaudir les numéros.

Après la Seconde Guerre mondiale, le couple met à profit l’arrivée de la télévision pour faire parler de lui, notamment grâce à l’émission de Gilles Margaritis La piste

aux étoiles. Des heures d’entraîneme­nt, des heures de voyage, ils vivent en tournée sur les routes d’Europe jusqu’en 1981 avant de se sédentaris­er dans un appartemen­t tout près du Cirque d’Hiver.

Joseph Bouglione et ses frères misent d’abord sur les gros animaux, puis le couple organise des spectacles narratifs dans lesquels se produisent les plus grands. Après cet âge d’or, dans les années 1980-1990, le Cirque d’Hiver abrite surtout des comédies musicales et même des meetings politiques. Au décès de Joseph, les descendant­s reprennent le flambeau. «Tant qu’il y aura des enfants, il y aura du cirque», confiait Rosa Bouglione. Elle se réjouissai­t d’avoir perpétué les traditions: «Qu’auraient-ils pu faire d’autre?» disait la matriarche dans un rire franc.

Jusqu’au bout, celle qui aura indéniable­ment contribué au rayonnemen­t de son art assiste aux spectacles, les contemplan­t d’un oeil intransige­ant, mais avec beaucoup de fierté. Plus qu’une contributi­on au rayonnemen­t de son art, «Madame Rosa» aura fait de son chapiteau un lieu mythique. Cinq génération­s pleurent aujourd’hui leur aïeule, dont la dernière volonté était d’être inhumée au cimetière de Lizy-sur-Ourcq (Seine-etMarne), «comme tous les membres de la dynastie».

Nombreux sont ceux qui, ayant su garder de leur âme d’enfant, se réuniront pour un dernier hommage mercredi 29 août au Cirque d’Hiver. Puis la magie reprendra de plus belle…

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ROSA BOUGLIONEF­ONDATRICE DU CIRQUE ÉPONYME

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