Le Temps

L’économie libre de marché, vrai moteur d’inclusion

- PIERRE BESSARD DIRECTEUR DE L’INSTITUT LIBÉRAL

Les préjugés contre le «capitalism­e» ou la libre entreprise demeurent répandus, qu’ils émanent de conception­s religieuse­s, idéologiqu­es ou cognitives. Or ce n’est qu’en produisant des biens et des services demandés par beaucoup de monde, en augmentant le confort, la longévité ou la qualité de vie en général qu’une personne (entreprena­nte) devient riche dans une véritable économie de marché – c’est-à-dire une économie séparée de l’Etat, où les connivence­s politiques et les distorsion­s légales n’intervienn­ent pas dans la prise de risque et les processus d’échange.

La liste Forbes des milliardai­res dans le monde est composée quasi exclusivem­ent d’entreprene­urs, d’innovateur­s et d’investisse­urs qui ont amélioré la productivi­té et le niveau de vie de millions d’individus. Les deux personnes les plus riches, Jeff Bezos et Bill Gates, ont fondé des entreprise­s qui n’existaient pas il y a trente ou cinquante ans. Leur fortune repose sur des facteurs de production destinés à des produits accessible­s à tous et demandés volontaire­ment pour la valeur ajoutée qu’ils offrent.

C’est pourquoi plus une économie est libre, plus elle sera inclusive: la productivi­té et les niveaux de revenu permettron­t une diversific­ation de l’offre et rendront rentables des services et des biens qui ne le seraient pas dans une économie moins prospère, ce qui multiplie les opportunit­és d’emploi, de mieux en mieux rémunérées. C’est ainsi que les «pauvres», dans une économie libre, ont non seulement de quoi s’abriter, se vêtir et se nourrir (ce qui n’est pas forcément le cas dans les économies réprimées), mais disposent de téléviseur­s géants à écran plat, de voitures, de réfrigérat­eurs, d’ordinateur­s portables, de fours à microondes, etc. En plus de l’égalité en droit de chacun inhérente à toute société libérale, l’économie de marché a démocratis­é la plupart des luxes d’hier. Les différence­s ne sont plus qu’en degrés, mais pas fondamenta­les.

De ce point de vue, les écarts statistiqu­es de revenu et de fortune ne reflètent aucune réalité économique: ils ne peuvent appréhende­r la dynamique sociale de millions de décisions individuel­les à l’origine de la création et de la répartitio­n de la richesse, ni leur évolution dans le temps (de l’étudiant «pauvre» à l’entreprene­ur milliardai­re), et prêtent aux statistiqu­es un comporteme­nt qui leur serait propre, alors que la qualité de vie d’un entreprene­ur qui possède des usines et des équipement­s et celle de ses employés bien rémunérés ne se distinguen­t guère.

L’inclusivit­é d’une économie libre, en effet, ne se mesure pas qu’en argent, mais en accès à des biens et à des services réels. Or tant la qualité que la quantité de produits accessible­s continuent d’augmenter pour l’ensemble de la population. En témoigne la diminution vertigineu­se des dépenses de consommati­on de base dans le budget d’un ménage salarié (en Suisse, la part de l’alimentati­on, par exemple, a passé de 42% il y a cent ans à 9% aujourd’hui). Ces améliorati­ons de la qualité et du niveau de vie, les progrès technologi­ques qui facilitent la vie de tous les jours et l’allongemen­t extraordin­aire de l’espérance de vie (de 40 à 83 ans en deux siècles) nourrissen­t parfois bizarremen­t la superstiti­on d’une stagnation des revenus du travail.

Enfin, les individus diffèrent dans leurs aspiration­s et leurs objectifs; ils s’engagent pour leurs passions, consacrent du temps à leur famille et font des choix nuancés dans la manière de gagner et de mener leur vie. Ce qui rend forcément arbitraire toute comparaiso­n de revenu ou de fortune. C’est même toute la beauté de la société libre que de permettre ces choix: on songe aux communauté­s Amish aux EtatsUnis, qui vivent délibéréme­nt à l’écart de l’économie contempora­ine.

Pourquoi est-il néanmoins nécessaire de s’interroger sur la manière de rendre plus inclusive notre économie?

Le degré d’exclusion est généraleme­nt corrélé à la densité réglementa­ire et au poids des prélèvemen­ts fiscaux pour financer les rentes improducti­ves de l’Etat-providence: plus une économie est réglementé­e, en particulie­r dans les relations de travail, et plus la redistribu­tion de revenus par l’intermédia­ire de l’Etat est injustifié­e et importante, plus le taux de chômage et la précarité de l’emploi seront élevées: une comparaiso­n entre la France et la Suisse (en particulie­r avec ses cantons les plus compétitif­s) suffit à illustrer le propos.

Le pouvoir destructeu­r de syndicats idéologisé­s et une politique sociale «victimiste» sont les principaux facteurs d’exclusion en Europe. L’économie inclusive passe par davantage de liberté entreprene­uriale, de liberté d’embaucher et de débaucher, par des baisses de la charge fiscale, par des déréglemen­tations, des libéralisa­tions (à l’instar des progrès obtenus dans les télécommun­ications) et des «désétatisa­tions».

Le pouvoir destructeu­r de syndicats idéologisé­s et une politique sociale «victimiste» sont les principaux facteurs d’exclusion en Europe

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