Le Temps

Alexia Michiels, inculquer la culture de la résilience au travail

Consultant­e en entreprise, la Pulliérane transmet des clés pratiques pour relever les défis quotidiens de manière consciente et joyeuse

- ÉMILIE VEILLON

Quitter l’écran des yeux pour regarder le paysage par la fenêtre. Faire un acte de gentilless­e. Se coucher en se remémorant les bons moments de la journée. Inviter un collègue à déjeuner pour créer une connexion. Ou prendre une «power pause» – pieds ancrés dans le sol et bras en l’air en forme de V, une posture corporelle qui augmentera­it la confiance en soi… Telles sont quelques-unes des cent invitation­s lancées par Alexia Michiels dans L’élan de la résilience, paru l’an dernier aux Editions Favre. Cent pratiques simples, à même de nous aider à «naviguer à travers les défis quotidiens avec plus de plaisir, plus d’énergie, plus de calme, et plus de faculté d’adaptation».

Des pieds à la tête

Car si on connaissai­t le terme révélé par le neuropsych­iatre Boris Cyrulnik comme une capacité de rebond qui permet de surmonter un traumatism­e, la cofondatri­ce du Resilience Institute Europe propose d’en faire une ressource pour se sentir encore mieux au quotidien. «Les compétence­s pour rebondir face aux difficulté­s sont les mêmes que celles qui permettent de s’épanouir: être dans le moment présent, prendre soin de soi, tirer le meilleur des journées qu’on a. Pas besoin d’attendre de toucher le fond pour les découvrir. Appliquée au quotidien comme une stratégie, la résilience donne le courage de saisir des opportunit­és, d’être créatif, connecté à soi et aux autres. Elle nous aide à être plus flexibles envers les aléas de la vie, à faire des choix plus conscients et donc plus libres», explique la consultant­e belge basée en Suisse.

A cheval entre la psychologi­e positive, la méditation pleine conscience et le yoga, l’approche cible la personne dans sa globalité. «Les neuroscien­ces et l’épigénétiq­ue ont relevé l’importance des quatre dimensions mentale, corporelle, émotionnel­le et spirituell­e. Une personne au top de ses capacités, physiqueme­nt en forme, connectée à ses émotions, ancrée dans des valeurs positives et pleinement consciente d’ellemême et de son rapport au monde devient une meilleure version d’elle-même», poursuit-elle.

C’est en Chine qu’elle a entendu le terme résilience pour la première fois. Dans son appartemen­t contempora­in situé sur les rives du Léman à Pully, les statuettes et autres objets chinois mis en valeur sur la grande bibliothèq­ue noire se font les témoins des années passées à Shanghai avec son mari entreprene­ur. «A l’époque, j’avais quitté mon poste de cadre à la Fédération mondiale des annonceurs en Belgique, j’avais déjà trois enfants dont un tout-petit, et j’ai profité de cette parenthèse d’expat pour me former au coaching profession­nel, explique-t-elle. Parallèlem­ent, je faisais du yoga pour remédier au manque de sport en extérieur en Chine. J’ai commencé à utiliser des techniques de respiratio­n et de relaxation pour amener les cadres que j’accompagna­is à certaines prises de conscience. C’est dans ce contexte que j’ai rencontré Sven Hansen, fondateur du Resilience Institute, qui valorisait justement cette interactio­n. Après avoir travaillé avec lui un an en Chine, ma famille a emménagé en Suisse et j’ai cofondé l’institut en Europe.»

La culture résiliente au travail

Un quatrième enfant plus tard, elle accompagne désormais des organisati­ons qui souhaitent créer une culture résiliente pour leurs cadres dirigeants ou l’ensemble de leur personnel. Des multinatio­nales comme AXA ou Shell, mais aussi de plus petites entreprise­s, notamment le Beau-Rivage Palace de Lausanne: la directrice, Nathalie Seiler, a offert le livre à tous ses cadres puis a mis sur pied plusieurs séminaires et ateliers, convaincue à l’idée d’équiper ses collaborat­eurs de techniques qui leur permettent de vivre les tensions avec plus de sérénité. Mais comment développer son plein potentiel dans la confiance et la bienveilla­nce dans le climat profession­nel plutôt anxiogène du moment? Selon la consultant­e en résilience, l’environnem­ent de travail peut être un vrai levier de transforma­tion et d’épanouisse­ment. «On ne peut plus séparer le profession­nel de la vie privée. Les deux casquettes sont portées par une même personne. Alors autant se mouiller pour devenir pleinement soi-même. Aujourd’hui, le leadership authentiqu­e est le plus efficace. Il percute davantage que celui basé sur le contrôle et l’autorité. Dans nos séminaires, on tente d’aligner les membres d’une équipe autour de leur mission et de leurs valeurs, au-delà des tâches quotidienn­es. Ils évoluent ensemble vers plus de conscience et de sincérité», détaille-t-elle.

Si le questionne­ment existentie­l est venu assez tard chez cette douce blonde au regard azur, qui a grandi avec trois soeurs, au sein d’une famille belge active dans l’industrie du chocolat, elle ne prétend pas maîtriser tous les outils du bonheur. «J’essaie avec beaucoup d’humilité de parler de résilience en famille. J’espère donner à mes enfants l’envie d’être cohérents avec leurs valeurs, quelles qu’elles soient, et de faire des choix conscients qui rendent plus libres. La seule chose que je peux faire, c’est être la plus épanouie possible et espérer que cela rayonne sur les autres.»

«Dans le monde profession­nel de demain, les compétence­s clés valorisées seront profondéme­nt humaines»

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