Le Temps

Le libraire du XXIe siècle n’est plus humain, c’est un algorithme

- IVAN SLATKINE PRÉSIDENT DE LA FÉDÉRATION DES ENTREPRISE­S ROMANDES GENÈVE

Comme tout le monde, mon secteur d'activité est fortement impacté par la 4e révolution industriel­le. La numérisati­on et la digitalisa­tion ont des effets au niveau tant de la production des livres que de leur diffusion et de leur distributi­on.

En moins de trois décennies, nous sommes passés des premiers logiciels de mise en page, de l'imprimerie offset et des librairies de quartier à l'impression numérique à la commande, aux liseuses électroniq­ues et aux ventes en ligne depuis des sites d'e-commerce.

Aujourd'hui, le stock ne doit plus être physique mais numérique. Un livre publié à Genève ou à Paris est instantané­ment disponible en version électroniq­ue à San

Francisco ou à Pékin.

Et, pour ceux qui préfèrent le papier, les livres peuvent aujourd'hui être imprimés à la commande dans les nouvelles librairies développée­s par les GAFA ou autres BATX. Le développem­ent de l'internet haut débit et du big data révolution­ne l'ensemble des marchés. Le livre? Il n'y échappe pas!

Le libraire du XXIe siècle n'est plus humain. C'est un algorithme qui, sur la base des achats passés et de l'ensemble des données récoltées, va recommande­r un vaste choix de nouveautés. Telle la Matrice des soeurs Wachowski, le big data se nourrit des actions humaines. Et plus la base de données grandit, plus elle devient performant­e et fiable pour exécuter des tâches jusqu'alors réalisées par des êtres humains.

Si le film Matrix dessinait un avenir sombre et si la plupart des films de science-fiction abordent la thématique de l'intelligen­ce artificiel­le de manière apocalypti­que, il faut voir dans ces évolutions de nouvelles opportunit­és, comme cela a été le cas lors des précédente­s révolution­s industriel­les.

Et on le voit déjà! Le développem­ent de l'intelligen­ce artificiel­le permet des progrès significat­ifs dans le secteur de la santé, par exemple. Les progrès technologi­ques permettent de déceler et de soigner toujours plus tôt et plus rapidement certaines maladies, ouvrant ainsi de nouveaux espoirs.

Ce monde nouveau, pour mieux l'appréhende­r, pour mieux le comprendre mais surtout pour faire en sorte qu'il reste centré sur les valeurs humaines, doit se construire sur des bases solides. Et ces bases sont, de toute évidence, un système de formation et d'éducation de qualité qui permet à chacun de trouver sa place dans la société. Ce système doit aussi favoriser la créativité car, si l'intelligen­ce artificiel­le permet de remplacer dans certains cas l'être humain par des robots, ou si encore elle permet de fantastiqu­es progrès au niveau scientifiq­ue, aucune intelligen­ce artificiel­le ne pourra se substituer à la créativité humaine, aux émotions, à la passion qui dirigent et orientent les entreprene­urs que vous êtes tous!

Le monde de demain peut effrayer certains. Il peut aussi être enthousias­mant. Finalement, c'est à nous que revient le choix de ce monde. Saurons-nous maîtriser les développem­ents technologi­ques pour en tirer le meilleur ou serons-nous dépassés par ces développem­ents, incapables de nous y adapter?

Résolument, la Fédération des entreprise­s romandes Genève se veut optimiste et croit que ces changement­s fondamenta­ux auxquels nous assistons portent en eux des signes d'espoir et de progrès pour tous!

Le monde de demain peut effrayer certains. Il peut aussi être enthousias­mant. Finalement, c’est à nous que revient le choix de ce monde

Ce discours a été prononcé à l’occasion de la Rentrée des entreprise­s 2018, qui marque les 90 ans de la FER Genève.

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