Johann Schneider-Ammann, un accord en héritage
Le chef du Département fédéral de l’économie tient à conclure un accord de libre-échange avec le Mercosur avant son retrait du Conseil fédéral. Les négociations progressent plutôt bien. Pour Berne, cet accord est prioritaire, même par rapport aux Etats-Unis
Johann Schneider-Ammann, le chef du Département fédéral de l’économie (DFE), s’est fait un point d’honneur de signer un accord de libre-échange avec le Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay) avant son retrait du Conseil fédéral, annoncé pour 2019. Selon son entourage, il met les bouchés doubles pour atteindre cet objectif et laisser ainsi une marque dans l’histoire économique du pays.
Le prochain cycle de négociations est déjà inscrit à l’agenda. Il aura lieu cet automne en Amérique du Sud, confirme le Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco), chargé des relations commerciales extérieures du pays. La Suisse tient en effet à réussir ce pari dans la mesure où l’Union européenne est également à bout touchant dans la même démarche, faute de quoi les exportations suisses seront discriminées face à la concurrence européenne. Les droits de douane s’élèvent, dans certains cas, à 35% sur les produits exportés dans le Mercosur.
Au Seco, l’engagement personnel de Johann Schneider-Amman impressionne. En mai dernier, il s’était rendu personnellement dans les quatre Etats du Mercosur. «Pour dynamiser les négociations», disait-il. Sur le plan intérieur, il a réussi à mettre les paysans suisses, au départ hostiles à un tel accord, de son côté. «Nous n’étions pas sur la même longueur d’onde que le Conseil fédéral, confirme Jacques Bourgeois, directeur de l’Union suisses des paysans (USP). Johann Schneider-Ammann a finalement prêté attention à nos revendications et, désormais, un dialogue permanent est établi.»
L’organisation patronale Economiesuisse, elle, appuie l’effort du conseiller fédéral à tous les niveaux. En effet, les exportateurs suisses, plus particulièrement ceux actifs dans les domaines des machines-outils, des produits chimiques et de la pharma, ne cachent pas leur intérêt pour le Mercosur, un marché de 275 millions de consommateurs.
Selon le Seco, cet accord est prioritaire, même par rapport aux Etats-Unis, le deuxième partenaire commercial de la Suisse après l’UE. Dans un contexte où l’administration Trump favorise les accords bilatéraux de libre-échange, la Suisse serait favorable à une réouverture du dossier. «Mais, à ce stade, nos efforts se concentrent actuellement sur les négociations avec le Mercosur», affirme le Seco.
La peur des syndicats sud-américains
Reste à savoir si les Etats de Mercosur sont pleinement engagés à négocier un accord avec la Suisse. Tel est apparemment le cas au niveau des gouvernements. En revanche, la société civile, notamment les syndicats, est sceptique. Selon Alliance Sud, qui regroupe diverses organisations d’entraide suisses et qui agit en chien de garde sur les activités suisses à l’étranger, les ouvriers sud-américains craignent que des importations libres de droits de douane portent un coup fatal aux entreprises nationales peu compétitives. A ce propos, Isolda Agazzi, responsable romande d’Alliance Sud, relève que le Conseil fédéral a refusé qu’une étude d’impact économique soit menée dans les Etats du Mercosur.
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Au Seco, l’engagement personnel du conseiller fédéral impressionne