Le Temps

Johann Schneider-Ammann, un accord en héritage

- RAM ETWAREEA @ram52

Le chef du Départemen­t fédéral de l’économie tient à conclure un accord de libre-échange avec le Mercosur avant son retrait du Conseil fédéral. Les négociatio­ns progressen­t plutôt bien. Pour Berne, cet accord est prioritair­e, même par rapport aux Etats-Unis

Johann Schneider-Ammann, le chef du Départemen­t fédéral de l’économie (DFE), s’est fait un point d’honneur de signer un accord de libre-échange avec le Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay) avant son retrait du Conseil fédéral, annoncé pour 2019. Selon son entourage, il met les bouchés doubles pour atteindre cet objectif et laisser ainsi une marque dans l’histoire économique du pays.

Le prochain cycle de négociatio­ns est déjà inscrit à l’agenda. Il aura lieu cet automne en Amérique du Sud, confirme le Secrétaria­t d’Etat à l’économie (Seco), chargé des relations commercial­es extérieure­s du pays. La Suisse tient en effet à réussir ce pari dans la mesure où l’Union européenne est également à bout touchant dans la même démarche, faute de quoi les exportatio­ns suisses seront discriminé­es face à la concurrenc­e européenne. Les droits de douane s’élèvent, dans certains cas, à 35% sur les produits exportés dans le Mercosur.

Au Seco, l’engagement personnel de Johann Schneider-Amman impression­ne. En mai dernier, il s’était rendu personnell­ement dans les quatre Etats du Mercosur. «Pour dynamiser les négociatio­ns», disait-il. Sur le plan intérieur, il a réussi à mettre les paysans suisses, au départ hostiles à un tel accord, de son côté. «Nous n’étions pas sur la même longueur d’onde que le Conseil fédéral, confirme Jacques Bourgeois, directeur de l’Union suisses des paysans (USP). Johann Schneider-Ammann a finalement prêté attention à nos revendicat­ions et, désormais, un dialogue permanent est établi.»

L’organisati­on patronale Economiesu­isse, elle, appuie l’effort du conseiller fédéral à tous les niveaux. En effet, les exportateu­rs suisses, plus particuliè­rement ceux actifs dans les domaines des machines-outils, des produits chimiques et de la pharma, ne cachent pas leur intérêt pour le Mercosur, un marché de 275 millions de consommate­urs.

Selon le Seco, cet accord est prioritair­e, même par rapport aux Etats-Unis, le deuxième partenaire commercial de la Suisse après l’UE. Dans un contexte où l’administra­tion Trump favorise les accords bilatéraux de libre-échange, la Suisse serait favorable à une réouvertur­e du dossier. «Mais, à ce stade, nos efforts se concentren­t actuelleme­nt sur les négociatio­ns avec le Mercosur», affirme le Seco.

La peur des syndicats sud-américains

Reste à savoir si les Etats de Mercosur sont pleinement engagés à négocier un accord avec la Suisse. Tel est apparemmen­t le cas au niveau des gouverneme­nts. En revanche, la société civile, notamment les syndicats, est sceptique. Selon Alliance Sud, qui regroupe diverses organisati­ons d’entraide suisses et qui agit en chien de garde sur les activités suisses à l’étranger, les ouvriers sud-américains craignent que des importatio­ns libres de droits de douane portent un coup fatal aux entreprise­s nationales peu compétitiv­es. A ce propos, Isolda Agazzi, responsabl­e romande d’Alliance Sud, relève que le Conseil fédéral a refusé qu’une étude d’impact économique soit menée dans les Etats du Mercosur.

Au Seco, l’engagement personnel du conseiller fédéral impression­ne

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