Le Temps

Au Conseil d’Etat vaudois, une succession pas si simple

- YAN PAUCHARD t @yanpauchar­d

VAUD Une élection de Pierre-Yves Maillard à la tête de l’USS ouvrirait une ère d’incertitud­e dans le canton. Si le Parti socialiste compte de nombreux talents capables de lui succéder, aucun nom ne s’impose

Une éventuelle élection de PierreYves Maillard à la tête de l’USS en cours de législatur­e serait tout sauf anodine pour le canton de Vaud. Au Conseil d’Etat depuis seize ans, le socialiste demeure la figure tutélaire de son parti, le PSV, et l’un des artisans du fameux compromis à la vaudoise, avec le PLR Pascal Broulis. «Son départ sera difficile à gérer pour sa formation, confirme l’historien Olivier Meuwly. Le moment sera délicat. C’est toujours le risque quand un politicien aussi populaire, ayant occupé si longtemps le terrain, s’en va.» Et ceci, même si le duo Maillard-Broulis est moins influent que par le passé, le premier ayant laissé la présidence du gouverneme­nt à sa collègue Nuria Gorrite et le second étant sorti affaibli des affaires entourant sa situation fiscale.

Chez les socialiste­s vaudois, on affiche au contraire un solide enthousias­me. «Ce serait une chance exceptionn­elle pour notre parti et pour notre canton que l’un d’entre nous accède à la présidence de l’USS», insiste Jessica Jaccoud, présidente du PSV.

«Un bilan politique exceptionn­el»

La députée se montre confiante en une éventuelle élection complément­aire: «Pierre-Yves Maillard laisse un bilan politique exceptionn­el. De plus, je ne vois pas les électeurs vaudois défaire une majorité de gauche qui a fait ses preuves toutes ces dernières années.»

Derrière le discours officiel, certains à l’intérieur du parti se montrent néanmoins plus prudents. «Ce sera tout sauf simple», prédit un élu. Si le parti compte de nombreux ténors, ces derniers voudront-ils se lancer dans cette complément­aire, si près des élections fédérales? Il est très peu probable que Grégoire Junod, longtemps présenté comme l’héritier de Pierre-Yves Maillard, lâche la syndicatur­e de Lausanne. Difficile également d’imaginer Géraldine Savary, qui a la prestigieu­se présidence du Conseil des Etats en ligne de mire, ou Roger Nordmann, influent chef de groupe au Conseil national, quitter la Berne fédérale. Quant à Jean Christophe Schwaab, il s’est retiré de la politique il y a moins d’une année pour des raisons familiales.

La question femme

Parmi les noms encore souvent cités, on retrouve ceux de trois femmes lausannois­es, la municipale Florence Germond, ainsi que les deux parlementa­ires fédérales Rebecca Ruiz et Ada Marra. De très bonnes candidatur­es, mais qui pourraient être prétéritée­s par le fait qu’il y a déjà trois femmes de gauche au Conseil d’Etat. «Les deux dernières élues du PS, Nuria Gorrite et Cesla Amarelle, s’étaient finalement imposées comme des candidates naturelles», observe encore Olivier Meuwly. Pour l’historien, aujourd’hui, il n’y a pas de successeur incontourn­able à Pierre-Yves Maillard. «Et le PS n’a pas le choix, note encore un fin observateu­r de la vie politique vaudoise, lors d’une complément­aire dans un canton structurel­lement à droite, il doit lancer une personnali­té de premier plan.» ▅

«Son départ sera difficile à gérer pour le PS. C’est toujours un risque quand un politicien aussi populaire s’en va»

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OLIVIER MEUWLY HISTORIEN

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