Evénements de l’été: petite synthèse
C’est étrange combien les journaux rétrécissent durant l’été, comme si le monde s’arrêtait de tourner pour cause de vacances annuelles. Ce serait génial s’il suffisait de mettre les journalistes en vacances pour que les guerres cessent, que les cataclysmes s’interrompent et que la géopolitique prenne des airs de jeux de plage. Malheureusement, ce n’est pas le cas et, durant ces huit dernières semaines, les dossiers ouverts le sont restés, de nouveaux sont apparus. Petit choix non exhaustif…
La Coupe du monde de football en Russie s’est terminée sur la belle victoire française qui a enflammé les Champs-Elysées, au propre et au figuré malheureusement. A Moscou, Saint-Pétersbourg, Kaliningrad, ou Nijni-Novgorod, il paraît que l’accueil a été charmant (pourquoi en aurait-il été autrement?) et les hooligans n’ont pas sévi. «La meilleure Coupe du monde de tous les temps», selon le président de la FIFA, Gianni Infantino. C’est la seule bonne nouvelle de ces vacances, savourons-la.
En France voisine, la piteuse affaire Benalla a occupé les parlementaires, habituellement enclins au farniente à cette saison. Ils ont travaillé d’arrache-pied pour cerner les responsabilités dans cette histoire pas très reluisante, jusqu’à ce que le président lui-même les endosse toutes, avec cette précision scabreuse qu’il n’était pas l’amant de Benalla! La France a longuement disserté pour savoir s’il s’agissait d’un scandale ou non. C’en est un pourtant, selon l’étymologie grecque du mot qui signifie: «la pierre qui dépasse du chemin et qui fait trébucher». C’est ainsi qu’Emmanuel Macron est tombé de son piédestal.
Plus à l’est, c’est l’économie turque qui est à la peine, ce dont les touristes se félicitent puisque la chute de la livre a réduit d’autant le prix de leurs vacances. Le phénomène est intéressant car Recep Tayyip Erdogan, non content de concentrer tous les pouvoirs depuis l’entrée en vigueur de sa nouvelle constitution, a également voulu régner sur l’économie en nommant son gendre à la tête du Ministère des finances et en imposant à la banque centrale des décisions inadéquates. Le résultat ne s’est pas fait attendre! Morale de cette histoire: comme on l’avait déjà vu avec l’URSS, mieux que les peuples et les guerres, les règles économiques résistent aux dictateurs et amènent, à terme, leur chute.
Au Yémen, la guerre continue, cruelle, en particulier pour les enfants. La coalition saoudo-émiratie, qui s’est immiscée dans un conflit purement interne sous prétexte que l’Iran en tirait les ficelles, est enlisée. Mais, à coups de bombardements meurtriers, elle détruit complètement un pays extrêmement pauvre (d’une extraordinaire beauté, soit dit en passant) et martyrise sa population. Pourtant, la communauté internationale continue de faire les yeux doux au nouveau prince saoudien, Mohammed ben Salmane, MBS pour les intimes, qui serait au top du libéralisme. La militante des droits humains menacée de décapitation prochaine n’en pense pas moins!
Finissons ce tour d’horizon en Suisse où les mesures d’accompagnement qui indisposent l’Union européenne n’en finissent pas de faire des remous. Le conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann n’en a pas cru ses oreilles quand l’Union syndicale suisse (USS) lui a claqué la porte au nez (ce n’est pas drôle, même pour lui qui sait rire de tout), marquant un grand pas en arrière dans la politique de concertation chère à la Suisse. Un sondage ayant montré que la base socialiste désavouait peu ou prou cette attitude, ces messieurs ont finalement pu s’asseoir à la même table. Un siècle après la grande grève générale de 1918, on l’a échappé belle! Mais on retiendra cette phrase du conseiller d’Etat Pierre-Yves Maillard critiquant le sondage: «Posez plutôt la question à nos sympathisants: voulez-vous vous soumettre au droit européen pour la protection de nos salaires? Vous obtiendrez un non massif.»
Tiens, tiens, d’habitude c’est l’UDC qui refuse de se soumettre au droit européen!
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