Le Temps

L’impôt à la source, controvers­e française

- RICHARD WERLY, PARIS @LTwerly

La mise en place du prélèvemen­t sur les salaires pourrait être retardée. L’administra­tion fiscale se défend

Ne pas donner aux «Gaulois» une nouvelle occasion de s’opposer aux réformes. Telle semble être la préoccupat­ion du gouverneme­nt français, enlisé dans une nouvelle controvers­e au sujet de la mise en place, dès janvier 2019, du prélèvemen­t à la source de l’impôt sur le revenu.

En visite en Scandinavi­e la semaine dernière, Emmanuel Macron avait fustigé le goût de ses compatriot­es pour la colère et l’immobilism­e, évoquant les «Gaulois réfractair­es» au changement. Conséquenc­e non avouée, mais probable: le Ministère des finances pourrait se voir ces jours-ci opposer une fin de non-recevoir sur l’entrée en vigueur du nouveau mode de collecte fiscale, testé depuis des mois. «Ces tests n’ont jamais révélé de situations qui ne pourraient être résolues avant le lancement de la réforme, se défend un communiqué de Bercy – le siège parisien du ministère – publié dimanche. Ils ont, au contraire, permis d’améliorer encore le dispositif […]. Contrairem­ent à ce qui est relayé, il est impossible d’aboutir à un double prélèvemen­t des contribuab­les. C’est en raison du bilan positif fait à l’issue des tests qu’a été confirmée la faisabilit­é de sa mise en oeuvre en janvier 2019.»

La fronde anti-prélèvemen­t à la source, système en vigueur dans la plupart des pays européens, s’explique largement par la crainte des contribuab­les français de perdre ainsi les délais de paiement et les avantages liés au système actuel basé sur une déclaratio­n annuelle (en mai 2019, pour les revenus de l’année 2018). Celui-ci permet en effet de négocier un éventuel étalement, et de mieux intégrer les nouvelles dispositio­ns fiscales, fréquentes en France d’une année à l’autre. L’entrée en vigueur du nouveau système entraînera­it, dès janvier, un prélèvemen­t sur salaire assuré d’alimenter le mécontente­ment d’une opinion qui attendait plus d’Emmanuel Macron sur le plan social.

Moins de 45% des Français paient l’impôt sur le revenu, en vigueur à partir de 14700 euros de revenus annuels pour un célibatair­e. Plus de 40% des recettes de cet impôt proviennen­t des contribuab­les ayant un revenu supérieur à 100000 euros annuels. La décision de différer ou non cette réforme fiscale est attendue avant le débat parlementa­ire sur le projet de budget 2019, en octobre.

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