L’entourloupe de Serena Williams
Je suis attentivement le tennis féminin et masculin depuis plusieurs décennies (par amour de l'observation psychologique qui peut aider tout un chacun dans des situations de la vie courante, par fascination devant les techniques de jeu et pour la beauté du sport) et ai regardé la finale de dimanche soir en direct sur Eurosport avec les commentaires en allemand de Boris Becker et Matthias Stach, ce dernier au demeurant pénible et affligeant dans sa manière de parler de tout sauf de tennis et surtout de propager sans filtre sa vision des choses, bonne occasion de souligner la spontanéité, la fraîcheur, mais aussi le scrupule et la pertinence des commentaires des chaînes suisses avec les journalistes et les anciens joueurs que sont Marc Rosset et Heinz Günthardt.
J'attendais avec impatience de voir quelle tournure prendraient les choses dans Le Temps à propos de ce match et je n'ai pas été déçue. Il me paraît en effet impératif de remettre les pendules à l'heure concernant le déroulement des événements de cette finale, chose que Laurent Favre a minutieusement détaillée. A la suite de quoi on comprend aisément que l'origine du problème réside dans le refus de Serena Williams d'accepter une quelconque autorité d'arbitrage, a fortiori quand elle perd au score.
Je n'irai pas jusqu'à dire qu'elle a sciemment cherché à manipuler l'ambiance du match pour en tirer un quelconque parti éventuel, je pense plutôt qu'elle a laissé monter ou même réchauffé ses réflexes anti-autoritaires après avoir touché son point d'exaspération maximale devant sa propre incapacité à contrer les attaques de son adversaire, mais le doute reste permis. En revanche, taxer l'arbitre de sexisme pour justifier son comportement demeure une entourloupe pour le moins décevante, pour les bonnes raisons expliquées dans l'article.
En fait, c'est précisément parce qu'elle a été traitée par l'arbitre comme l'égale d'un homme qu'elle le qualifie de sexiste. Je veux dire qu'il n'a pas hésité à appliquer le règlement à la lettre, même si elle est une femme et n'a donc fait preuve d'aucune galanterie, patience appuyée ou délicatesse envers elle parce qu'elle est une femme, comme il ne l'aurait pas non plus fait pour un homme. A mon avis, c'est ce qu'on est en droit d'attendre d'un arbitre de chaise dans un match de finale d'un Grand Chelem.
Au final, je garde l'impression que Serena Williams cherche à masquer sa volonté d'avoir toujours raison et le dernier mot par une forme de misandrie, devenue presque respectable en cette époque MeToo. Et je me dis qu'il faut apprendre à être à la hauteur de l'égalité des sexes. En attendant, il y a fort à parier que les prochains arbitres des grands matchs féminins (surtout avec Serena Williams à l'affiche) seront exclusivement féminins, rien de dramatique là dedans.
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