Affaire Maudet, suite
GENÈVE Un projet de loi en cours de traitement demande le déclassement d’une zone agricole afin d’y construire terrains de football et bureaux. La société Capvest est impliquée dans l’opération. Elle est liée aux organisateurs du voyage controversé du con
Les amis libanais de Pierre Maudet ont-ils profité de leur proximité avec le ministre pour s’assurer le bon rôle dans une transaction foncière? C’est ce qu’a laissé entendre la télévision alémanique mercredi soir. Un projet de loi en cours de traitement demande le déclassement d’une zone agricole afin d’y construire terrains de football et bureaux. La société Capvest est impliquée dans l’opération. Elle est liée aux organisateurs du voyage controversé du conseiller d’Etat.
Les amis libanais de Pierre Maudet ont-ils profité de leur proximité avec le conseiller d'Etat genevois pour s'assurer le bon rôle dans une transaction foncière en cours? C'est ce que laisse entendre l'émission alémanique Rundschau diffusée sur SRF mercredi soir.
Reloger le Servette FC
Pour comprendre cette affaire, il faut remonter au 27 mars dernier. Le Conseil d'Etat dépose alors auprès du Grand Conseil un projet de loi demandant un crédit de 9,5 millions de francs pour construire un complexe sportif au lieu-dit «Pré-du-Stand», sur la commune du Grand-Saconnex. C'est en effet sur cette parcelle de 12,5 hectares, coincée entre la route de Colovrex et la piste de l'aéroport, que le gouvernement cantonal projette de résoudre un problème qui devient pressant: installer un Pôle football pour la Fondation 1890. Cette dernière, qui a repris la responsabilité du Servette FC, doit en effet quitter ses terrains de Balexert où un Cycle d'orientation et des logements doivent doit être construits. La parcelle étant située en zone agricole, un autre projet de loi est déposé en parallèle pour demander son déclassement. A «Pré-du-Stand», Servette disposerait de cinq terrains contre trois à Balexert.
Capvest s’engagerait à investir 18,5 millions de francs dans la construction des terrains de football
Cette promotion se fait en partenariat public-privé entre la commune, le canton et l'hoirie Tissot, propriétaire du terrain. Or l'investisseur privé associé à cette hoirie est Capvest, société contrôlée par Magid Khoury, un des organisateurs du voyage de Pierre Maudet à Abu Dhabi datant de novembre 2015 dont la facture a été réglée par le cheik Mohammed bin Zayed al-Nahyan, prince héritier de l'Emirat.
Capvest s'engagerait à investir 18,5 millions de francs dans la construction des terrains de football et des bâtiments nécessaires au club. Cette somme viendrait compléter les 9,5 millions du canton. Mais l'intérêt des investisseurs n'est pas purement sportif: en cas de déclassement par le Grand Conseil, la nouvelle affectation du sol permettrait de disposer de 90000 m2 de surface brute de plancher. Des bureaux et des surfaces commerciales pourraient alors y prendre place, autant d'éléments qui feraient grimper le prix à la revente.
«Le Conseil d’Etat n’a joué aucun rôle»
A Rundschau, le conseiller d'Etat Pierre Maudet s'est défendu en expliquant que ce sont bien les héritiers Tissot qui ont vendu le sol à Capvest. «Le Conseil d'Etat n'a joué aucun rôle dans la recherche ni dans le choix d'un investisseur, a-t-il écrit aux journalistes alémaniques. Le canton n'a signé aucun contrat ni aucun engagement avec cet investisseur.»
En quoi Pierre Maudet, dont le département n'est pas concerné par les projets de loi déposés, pourrait-il bien servir les intérêts de Capvest? «L'avoir dans sa manche sert d'abord à avoir connaissance du projet, répond Jean Batou, député d'Ensemble à gauche, qui témoigne dans le sujet de Rundschau. Ensuite, il est l'un des seuls à être capable de réunir une majorité politique en convainquant des élus de droite comme de gauche du bien-fondé de la construction de stades de football à côté de l'aéroport.»
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