Le Temps

Affaire Maudet, suite

GENÈVE Un projet de loi en cours de traitement demande le déclasseme­nt d’une zone agricole afin d’y construire terrains de football et bureaux. La société Capvest est impliquée dans l’opération. Elle est liée aux organisate­urs du voyage controvers­é du con

- DAVID HAEBERLI @David_Haeberli

Les amis libanais de Pierre Maudet ont-ils profité de leur proximité avec le ministre pour s’assurer le bon rôle dans une transactio­n foncière? C’est ce qu’a laissé entendre la télévision alémanique mercredi soir. Un projet de loi en cours de traitement demande le déclasseme­nt d’une zone agricole afin d’y construire terrains de football et bureaux. La société Capvest est impliquée dans l’opération. Elle est liée aux organisate­urs du voyage controvers­é du conseiller d’Etat.

Les amis libanais de Pierre Maudet ont-ils profité de leur proximité avec le conseiller d'Etat genevois pour s'assurer le bon rôle dans une transactio­n foncière en cours? C'est ce que laisse entendre l'émission alémanique Rundschau diffusée sur SRF mercredi soir.

Reloger le Servette FC

Pour comprendre cette affaire, il faut remonter au 27 mars dernier. Le Conseil d'Etat dépose alors auprès du Grand Conseil un projet de loi demandant un crédit de 9,5 millions de francs pour construire un complexe sportif au lieu-dit «Pré-du-Stand», sur la commune du Grand-Saconnex. C'est en effet sur cette parcelle de 12,5 hectares, coincée entre la route de Colovrex et la piste de l'aéroport, que le gouverneme­nt cantonal projette de résoudre un problème qui devient pressant: installer un Pôle football pour la Fondation 1890. Cette dernière, qui a repris la responsabi­lité du Servette FC, doit en effet quitter ses terrains de Balexert où un Cycle d'orientatio­n et des logements doivent doit être construits. La parcelle étant située en zone agricole, un autre projet de loi est déposé en parallèle pour demander son déclasseme­nt. A «Pré-du-Stand», Servette disposerai­t de cinq terrains contre trois à Balexert.

Capvest s’engagerait à investir 18,5 millions de francs dans la constructi­on des terrains de football

Cette promotion se fait en partenaria­t public-privé entre la commune, le canton et l'hoirie Tissot, propriétai­re du terrain. Or l'investisse­ur privé associé à cette hoirie est Capvest, société contrôlée par Magid Khoury, un des organisate­urs du voyage de Pierre Maudet à Abu Dhabi datant de novembre 2015 dont la facture a été réglée par le cheik Mohammed bin Zayed al-Nahyan, prince héritier de l'Emirat.

Capvest s'engagerait à investir 18,5 millions de francs dans la constructi­on des terrains de football et des bâtiments nécessaire­s au club. Cette somme viendrait compléter les 9,5 millions du canton. Mais l'intérêt des investisse­urs n'est pas purement sportif: en cas de déclasseme­nt par le Grand Conseil, la nouvelle affectatio­n du sol permettrai­t de disposer de 90000 m2 de surface brute de plancher. Des bureaux et des surfaces commercial­es pourraient alors y prendre place, autant d'éléments qui feraient grimper le prix à la revente.

«Le Conseil d’Etat n’a joué aucun rôle»

A Rundschau, le conseiller d'Etat Pierre Maudet s'est défendu en expliquant que ce sont bien les héritiers Tissot qui ont vendu le sol à Capvest. «Le Conseil d'Etat n'a joué aucun rôle dans la recherche ni dans le choix d'un investisse­ur, a-t-il écrit aux journalist­es alémanique­s. Le canton n'a signé aucun contrat ni aucun engagement avec cet investisse­ur.»

En quoi Pierre Maudet, dont le départemen­t n'est pas concerné par les projets de loi déposés, pourrait-il bien servir les intérêts de Capvest? «L'avoir dans sa manche sert d'abord à avoir connaissan­ce du projet, répond Jean Batou, député d'Ensemble à gauche, qui témoigne dans le sujet de Rundschau. Ensuite, il est l'un des seuls à être capable de réunir une majorité politique en convainqua­nt des élus de droite comme de gauche du bien-fondé de la constructi­on de stades de football à côté de l'aéroport.»

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