Le Temps

Responsabi­lité: les petites sociétés sous la pression des plus grandes

- RACHEL RICHTERICH @RRichteric­h

Les PME peinent à s’engager en matière de durabilité, dotées de moins de ressources que les grands groupes. Ceux-ci augmentent pourtant la pression pour qu’elles se conforment aux standards

«J’aimerais m’y mettre, mais je ne sais pas par où ni comment commencer.» Ce chef d’une entreprise de huit employés résume en une phrase la situation des PME suisses, à l’heure de s’engager sur le terrain éthique et environnem­ental. Pourtant, la pression augmente sur ces petites structures pour qu’elles s’engagent davantage. Et cette pression vient des grandes entreprise­s, pointe une étude de la Haute Ecole de gestion Arc, présentée mercredi à Neuchâtel.

La raison? «Nombre d’entre elles se fournissen­t principale­ment auprès de PME suisses», répond Karine Doan, coautrice de l’enquête. Avec son collègue Mathias Rota, ils ont analysé les effets des démarches de responsabi­lité sociétale d’entreprise (RSE) sur la chaîne d’approvisio­nnement de six grandes firmes. Or, les scandales les plus retentissa­nts sont souvent liés aux activités d’un ou de plusieurs acteurs de la chaîne de sous-traitants.

Critères imposés aux fournisseu­rs

Echaudées par ces affaires, les multinatio­nales se sont soumises aux audits et aux labels et ont imposé les mêmes critères à leurs fournisseu­rs. «Mais ces codes de conduite s’avèrent inadaptés aux structures des PME», souligne Karine Doan. Rapports de durabilité, certificat­ions et audits coûtent cher. «Dans un secteur exposé comme l’horlogerie, liés aux pierres et aux métaux précieux, les sous-traitants locaux ont massivemen­t investi dans des certificat­ions pour ne pas perdre la relation d’affaires avec les grandes marques», souligne Karine Doan.

Par ailleurs, «les petites structures n’ont pas les ressources humaines dédiées à ces questions, contrairem­ent aux plus grandes», ajoute la chercheuse. Elles doivent s’adjoindre les services d’un consultant spécialisé, ce qui représente aussi un investisse­ment.

Mutualisat­ion des ressources

Pour Karine Doan, «les coûts de mise en oeuvre sont des obstacles rédhibitoi­res pour un grand nombre de PME». Il faut les réduire en faisant «front commun». Elle plaide pour que la Confédérat­ion poursuive son soutien. Les grandes firmes pourraient, elles aussi, accompagne­r les plus petites structures, «en mettant leurs ressources à leur dispositio­n». Une autre piste évoquée par la chercheuse serait «la mutualisat­ion des coûts entre PME, qui, une fois regroupées, pèseraient aussi davantage dans les négociatio­ns».

Constituan­t l’essentiel du tissu économique suisse – 98,5% des entreprise­s comptent moins de 50 employés –, ce sont elles qui présentent le potentiel le plus prometteur. ▅

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