Pour le sport suisse, small is beautiful
Basket 3x3, beach-volley, rugby à 7: ces versions simplifiées permettent aux fédérations internationales de développer leur sport et d’offrir une chance aux petites nations. La Suisse, qui dispute les Championnats d’Europe de basket 3x3 ce week-end, en pr
Les équipes de Suisse masculine et féminine de basket disputent ce week-end à Bucarest les Championnats d’Europe 3x3. Autant les garçons (Gilles Martin, Badara Top, Marco Lehmann et Westher Molteni) que les filles (Marielle Giroud, Nancy Fora, Evita Herminjard et Cinzia Tomezzoli) ont bon espoir de bien figurer et de se rapprocher d’une qualification pour les Jeux olympiques de Tokyo, où le basket 3x3 sera pour la première fois inscrit au programme.
L’équipe féminine a participé ce printemps aux Mondiaux à Manille et s’est classée deuxième des qualifications pour les Championnats d’Europe. Dans le basket à 5 contre 5, et même avec Thabo Sefolosha et Clint Capela, la Suisse aurait beaucoup de peine à atteindre un niveau équivalent. L’équipe masculine (sans ses deux stars de la NBA) est d’ailleurs déjà éliminée de l’Euro 2021. «Pour le 3x3 [qui se joue sur un demi-terrain avec un seul panier], quatre bons joueurs suffisent alors qu’il en faut douze au minimum pour constituer une sélection classique, résume Sébastien Clivaz, le responsable du 3x3 à la Fédération suisse de basket. Nous avons environ 20000 licenciés, dont quelques milliers qui font du 3x3.»
Peu de joueurs mais très actifs
La Suisse est un petit pays mais qui organise beaucoup de tournois internationaux, un peu comme en tennis et en beach-volley. Le World Tour de Lausanne est l’une des étapes les plus cotées au monde. Le Team Lausanne, qui compose l’équipe nationale, y a pris la quatrième place fin août. «Par rapport à d’autres pays, nous avons moins de joueurs mais ils participent comparativement à davantage de tournois et marquent plus de points dans les classements internationaux. Comme le ranking ne tient compte que des points des 100 meilleurs joueurs de chaque pays, cela nous avantage», explique Sébastien Clivaz.
A Bucarest, les deux sélections visent une participation aux demi-finales. Les garçons ont hérité d’un groupe difficile avec la France et la Slovénie, deux places fortes du basket européen, à cinq comme à trois. «Les Slovènes nous respectent. Pour nous Suisses, cela change beaucoup de choses, on ne part plus battus d’avance», se réjouit Sébastien Clivaz.
Avec peu, le rugby suisse parvient également à tirer son épingle du jeu dans la version à 7. Début septembre, l’équipe nationale M18 a remporté le Championnat d’Europe de deuxième division à Esztergom (Hongrie). En mai 2019, les jeunes Suisses se frotteront aux Anglais et aux Français. Là aussi, c’est d’abord une question de nombre. «Le rugby à 7 demande 12 joueurs, ce qui est plus facile à trouver que 23, surtout en Suisse où chaque canton a son propre calendrier scolaire, souligne Jérôme Goubet, manager de l’équipe et président de la commission jeune de la Fédération suisse de Rugby. Et justement, notre fierté est d’avoir composé une équipe avec des jeunes de tout le pays, Zurich, Berne, Monthey, Nyon, Lausanne, et non plus avec des expatriés de la région lémanique. C’est la preuve que le rugby progresse en Suisse.»
Chez les seniors aussi, le 7 à l’edelweiss a été promu cette année d’une division. Une bonne manière de se frotter progressivement aux meilleurs sans danger, car bien que la Suisse occupe actuellement le douzième rang européen, défier l’Irlande ou le pays de Galles à XV serait dangereux pour l’intégrité physique des joueurs. «A XV, je crois bien que nous aurions refusé la promotion de nos juniors», reconnaît Jérôme Goubet.
L’exemple du beach-volley
Le basket 3x3 comme le rugby à 7 sont des créations récentes destinées à permettre le développement de leur discipline au sens large. S’inspirant de l’exemple du beach-volley, les fédérations de basket et de rugby ont capitalisé sur des pratiques qui existaient au niveau loisir pour proposer une version plus ludique, plus spectaculaire et moins coûteuse en joueurs. «Le beach a vraiment servi de modèle, assure Jérôme Goubet. Le volley a d’abord été réticent puis il a vite compris l’avantage qu’il pouvait retirer de l’attrait des sponsors et du public. A 7, le rugby devient un jeu de course et d’évitement, avec beaucoup d’essais et aucune phase statique difficile à comprendre pour les non-connaisseurs.»
En basket aussi, les classiques et les modernes se sont d’abord regardés en chiens de faïence. «Aujourd’hui, ce n’est plus le cas parce que l’on sait que le 3x3 ne va pas remplacer le «vrai» basket. Les tournois ont lieu en centre-ville, les gens voient un panier, un ballon, ils se disent que c’est du basket, sans faire la distinction entre les formats», se félicite Sébastien Clivaz.
La spécialisation, prochaine étape
La version 3x3 du basket entrera au programme olympique à Tokyo en 2020. Là aussi, le beach-volley fut pionnier; dès 1996. Cela permit à la paire suisse Heuscher/ Kobel (en bronze à Athènes 2004) ou à la Lettonie de remporter une médaille historique. Aux Jeux d’été 2016, on trouvait ainsi des paires représentant la Tunisie, le Qatar, le Costa Rica, le Venezuela. Ainsi que trois doublettes suisses. A Rio, le rugby à 7 était sport olympique pour la première fois; l’Espagne, la Colombie et le Kenya ont participé aux côtés des nations britanniques. Les îles Fidji y ont même remporté la première médaille d’or de leur histoire.
Au contraire du beach-volley, le basket 3x3 et le rugby à 7 suisses ne comptent encore quasiment pas d’équipe 100% spécialisée. Ce sera sans doute la prochaine étape.
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