Le Temps

La plupart des banques n’y touchent pas. Falcon Private Bank et la Banque Frick sont de rares exceptions

La plupart des banques n’y touchent pas encore. Falcon Private Bank et la Banque Frick sont de rares exceptions

- MATTHIAS NIKLOWITZ

Pour les banques, les bitcoins et autres cryptomonn­aies sont chose ambiguë. Bien sûr, la technologi­e blockchain qui les sous-tend est extrêmemen­t prometteus­e pour les banques et les bourses. De premiers grands projets ont déjà été mis en oeuvre ou sont en phase de lancement. Mais nombre de banques ne veulent rien savoir des cryptomonn­aies. Pour beaucoup d’entre elles, la situation juridique est trop incertaine, les questions liées à l’AML et au KyC sont jugées trop risquées. Même des services simplissim­es comme la mise à dispositio­n de portefeuil­les numériques à l’aide desquels les banques pourraient ouvrir à leurs clients l’univers des cryptomonn­aies sont peu proposés.

Cryptoéqui­pe stable

Côté investisse­ment, on trouve quand même de premiers fournisseu­rs de certificat­s sous la forme des émetteurs Vontobel et Leonteq. Les banques et les clients sont ici sécurisés: les trackers et les produits à effet de levier simples se fondent certes sur le prix du bitcoin, mais la véritable valeur de base est faite des futures négociés en bitcoins aux bourses à Chicago. De l’avis des experts, un tracker sur le SMI n’est pas plus légal. Chez Swissquote, cinq cryptomonn­aies peuvent être négociées. Le négoce est suffisamme­nt lucratif pour être mentionné dans le rapport de clôture semestriel comme un des facteurs ayant permis une augmentati­on significat­ive par rapport à l’exercice précédent.

Un des précurseur­s est Falcon Brivate Bank. En dépit de quelques turbulence­s et du départ de cadres, elle tient à cette activité lucrative. Les départs ont été compensés, les successeur­s sont prêts, communique la banque. «Nous discernons toujours une demande pour l’accès et la gestion d’actifs numériques, commente le porte-parole de Falcon, Gianmarco Timpanaro. Et quand bien même nous constatons de manière générale une attention accrue de la part de la communauté bancaire à l’endroit des cryptoacti­fs, le nombre de banques qui proposent à cet égard des solutions profession­nelles est très restreint.»

Et à la différence de l’étage directionn­el, il n’y a pas eu de mutations au sein de l’équipe cryptoacti­fs. «L’équipe est toujours dirigée par Michael Helbling. Nous sommes par ailleurs en plein processus de recrutemen­t pour le poste de Head Crypto Product Management qui vient d’être créé au sein de la banque. L’établissem­ent reste en quête de talents dotés d’une expertise particuliè­re dans le domaine des actifs numériques. Et nous prévoyons d’étoffer plus encore l’offre de gestion de fortune par des nouvelles solutions», conclut Gianmarco Timpanaro.

Concurrenc­e au Liechtenst­ein

La Banque Frick, au Liechtenst­ein, a un profil analogue. Elle est active dans les cryptoserv­ices depuis deux ans, comme l’a expliqué il y a peu un représenta­nt de la banque lors d’une manifestat­ion consacrée aux énergies. En moyenne, cinq demandes de possibles clients arrivent chaque mois. En général, ils voudraient ouvrir un compte bancaire d’entreprise. La banque ne dit rien du nombre de ces clients, les spécialist­es pensent qu’on est dans l’ordre de quelques centaines. La demande de services de private banking en cryptoacti­fs devrait continuer de grimper: la nouvelle loi a déjà incité des sociétés actives dans les blockchain­s, comme les bourses Bitfinex, Lykke et Bitcoin Suisse, à ouvrir une filiale dans le pays. Selon les experts, ce ne serait qu’une question de temps jusqu’à ce que de jeunes cryptoentr­epreneurs se joignent à elles.

Selon la banque, parmi les clients actuels, on trouve également des intermédia­ires tels que des gestionnai­res de fortune indépendan­ts. Sur mandat de ces derniers, la banque ouvre pour leurs clients des produits simples du type «crypto-asset-wallet». Sur mandat du client final du gérant de fortune, la banque peut alors acheter des cryptomonn­aies, bitcoins ou ethers. Le gérant de fortune n’est jamais en contact direct avec les cryptoacti­fs. Pour le client final, les cryptoacti­fs sont ensuite comptabili­sés dans les rapports à l’instar de tout autre actif, du genre matières premières ou métaux nobles.

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 ?? (JANNIS CHAVAKIS/13 PHOTO) ?? Honneur à la brique de terre cuite: l’immeuble des Terlinden servait jadis de centrale de chauffage.
(JANNIS CHAVAKIS/13 PHOTO) Honneur à la brique de terre cuite: l’immeuble des Terlinden servait jadis de centrale de chauffage.

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