Le Temps

A l’écoute des clients

Après de gros problèmes, les banques privées suisses se sont relevées. Elles doivent maintenant exploiter un contexte favorable, sans quoi la prochaine tempête fera de nouveau son lot de victimes.

- ECKHARD BASCHEK

Le paysage des banques privées suisses se donne du mal. C’est une bonne nouvelle qui signifie que la place de la banque privée helvétique a émergé du gouffre qu’avaient creusé les coûts des exigences réglementa­ires accrues, les peines pécuniaire­s pour comporteme­nt inconvenan­t et la concurrenc­e de la Toile.

Un afflux d’argent frais de 0,9% seulement l’an dernier n’est certes pas un bulletin de victoire et il est regrettabl­e que les investisse­ments dans le conseil à la clientèle ne montrent que peu d’effets positifs sur cet afflux – mais cela peut encore venir (et ça viendra). Une chose est claire: une banque privée qui continue de se plaindre de ses coûts d’assainisse­ment affiche ses lamentatio­ns surtout en guise d’excuse pour d’autres péchés d’omission.

Reste que pour les banques privées suisses, les défis demeurent élevés: les clients arrivent avec beaucoup plus de savoir spécialisé que naguère, ils sont plus sensibles aux coûts et, quoi qu’il arrive, ils souhaitent un conseil personnali­sé. Il est dans l’air du temps de parler davantage des besoins du client que des produits – que l’on évoque ceux avec rétrocessi­on ou non, un souvenir difficile à oublier du bon vieux temps.

Une saine stratégie

Si les marchés financiers tournent au rouge en 2018 ou 2019, il faudra que le secteur ait retrouvé sa forme, notamment dans le cadre du «cost-income ratio», autrement dit du rapport coût/revenu. Tandis que les établissem­ents les plus robustes en ont affiché un taux de quelque 60% en 2017, ce dernier s’approchait pour les plus faibles d’un inquiétant 100%. Reste que la taille n’est pas forcément un critère, tout dépend plutôt d’une saine stratégie de marché, d’un ciblage clair ou d’une stratégie de niche adéquate. Ce qui importe aussi, c’est de poursuivre une modernisat­ion conséquent­e, pour ne pas dire révolution­naire, de la gestion de fortune.

Les dépenses en IT et en marketing doivent avoir porté leurs fruits et, au bout du compte, l’afflux d’argent frais doit se muer en vrai fleuve en lieu et place du ruisselet actuel. Faute de quoi, la branche risque une nouvelle hémorragie. A en croire KPMG, un total de 56 établissem­ents bancaires ont disparu depuis 2010. Il s’agissait surtout de petites banques privées. Pour certaines, il est vrai, c’est le nom qui s’est perdu mais elles continuent de vivre sous l’enseigne de leur nouveau propriétai­re.

La branche est soumise à une évolution accélérée mais certains éléments demeureron­t identiques à l’avenir: il importe d’écouter le client, de prendre ses souhaits au sérieux, d’améliorer les services de gestion de fortune et de n’économiser que là où les clients ne le perçoivent pratiqueme­nt pas. Alors ils reviennent presque tout seuls. Ou au moins renoncent à s’en aller.

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Jannis Chavakis/13Photo (JANNIS CHAVAKIS/13 PHOTO) ?? Une banque au bord du lac: le Bellevue Group existe depuis 1993. Il oeuvre avant tout dans la gestion d’actifs et de fortune. Les bureaux du Bellevue Group donnent directemen­t sur le lac de Zurich. Le rédacteur photo de la «Handelszei­tung» a pu s’y balader. Décidément, la Seestrasse 16 à Küsnacht valait le déplacemen­t.
Photos: Jannis Chavakis/13Photo (JANNIS CHAVAKIS/13 PHOTO) Une banque au bord du lac: le Bellevue Group existe depuis 1993. Il oeuvre avant tout dans la gestion d’actifs et de fortune. Les bureaux du Bellevue Group donnent directemen­t sur le lac de Zurich. Le rédacteur photo de la «Handelszei­tung» a pu s’y balader. Décidément, la Seestrasse 16 à Küsnacht valait le déplacemen­t.

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