Le Temps

Le vélo électrique n’existe pas

- ALEXIS FAVRE PRODUCTEUR D’«INFRAROUGE» (RTS) @alexisfavr­e

Je ne voulais pas vous en parler. Ou peut-être que je n’osais pas: il peut se révéler extrêmemen­t périlleux, sous nos latitudes, de s’en prendre frontaleme­nt à une catégorie d’usagers de la route. Valéry Giscard d’Estaing en sait quelque chose, lui qui a perdu la présidenti­elle de 1981 pour s’être mis à dos tous les motards de France en leur imposant la vignette. Alors j’ai beau ne pas être président de la République, vous comprendre­z que j’aie un peu hésité à vous faire part de ma circonspec­tion (restons prudent dans ce premier paragraphe) face au vélo électrique. Ce serait ballot de se fâcher gratuiteme­nt avec les subvention­nés de la mobilité douce.

Mais désormais la voie est libre. On peut y aller franco. Mon confrère Thierry Mertenat a brisé le tabou, mercredi dans la Tribune de Genève, merci à lui. Oui, les vélos électrique­s, ou plutôt ceux qui les montent, sont des dangers publics. Lancés comme des frelons sur les artères plus ou moins piétonnes du pays, les cyclistes à piles sont les nouveaux gangsters du bitume. La conscience écologique tranquille sous leurs casques à visière, ces nouveaux chauffards bios défient notre insoucianc­e à 50 km/h, les écouteurs profondéme­nt enfoncés dans les oreilles. Sans crier gare, ils surgissent, slaloment, frôlent et s’en moquent. Avec toute la morgue qui caractéris­e ceux qui se sentent dans l’air du temps.

Nous savions déjà tous que le plus doux des agneaux devient un dangereux psychopath­e à l’instant même où il s’installe derrière le volant d’une voiture. C’est comme ça, c’est la règle, c’est biologique. Nous découvrons aujourd’hui que monter sur un vélo électrique libère le même enzyme perturbate­ur. Quelques volts pour entraîner sa roue arrière, et Soeur Sourire se transforme en Freddy Krueger. Automatiqu­ement.

Alors, au nom de tous ceux qui ont encore le goût de l’effort et les mollets, permettez-moi d’adresser ce message aux flemmards inconscien­ts: non, vous n’êtes pas des cyclistes. Vous ne le serez jamais. Et si vous ne me croyez pas, retournez-vous: vous avez des plaques jaunes. D’ailleurs, vos vélos électrique­s ne sont pas des vélos. Qu’est-ce que c’est, cette escroqueri­e? Un vélo à essence, c’est un vélomoteur, non? Bon, alors un vélo électrique, c’est pareil. C’est un vélomoteur. Que le moteur soit électrique ou à explosion ne change rien. Le vélo électrique, ça n’existe pas. Voilà. C’est dit. Je viens de perdre pour de bon une partie substantie­lle de mon lectorat, mais peu importe. La vérité, ça soulage. D’ailleurs, je crois que je ne vais pas tarder à dire ce que je pense de la trottinett­e. Vous ne roulez pas en trottinett­e, rassurez-moi?

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