Le Temps

Sonect, la start-up zurichoise qui veut ubériser les bancomats

- EMMANUEL GARESSUS, ZURICH @garessus

La fintech zurichoise s’associe au fournisseu­r de logiciels bancaires Temenos. Sa technologi­e permet de retirer de l’argent directemen­t dans les commerces. En Suisse, 220 points de vente ont déjà intégré sa solution

Sonect, qui compte Post Finance parmi ses investisse­urs, a annoncé jeudi, dans un communiqué, qu’elle allait être intégrée dès aujourd’hui à la plateforme de Temenos. C’est un pas de géant pour la start-up zurichoise puisque la société genevoise est le numéro un mondial du logiciel bancaire. L’accord s’inscrit parfaiteme­nt dans les projets ambitieux de Sandipan Chakrabort­y, directeur et fondateur de Sonect. Cet ancien responsabl­e de l’informatiq­ue chez Credit Suisse estime que «Sonect est aux bancomats ce qu’Uber est aux taxis et Airbnb aux hôtels.»

La fintech, créée il y a un an, promet «un monde où il n’est plus besoin de visiter un guichet automatiqu­e pour retirer de l’argent». Elle entend révolution­ner les bancomats et parle de la création d’un «ATM Social Network», c’est-à-dire de «connecter des personnes qui possèdent de l’argent avec d’autres personnes qui ont besoin de cash». Il en résulte avant tout un gain de temps majeur, promet Elena Bernardo, responsabl­e du marketing de Sonect.

Le principe est simple. Il suffit de télécharge­r l’app de Sonect, gratuite, sur son smartphone, puis de créer un compte et d’aller dans un commerce qui appartient au réseau. L’app indique le commerce le plus proche. Une fois sur place, qu’il s’agisse d’un magasin ou d’une pizzeria, l’utilisateu­r passe à la caisse et scanne un code QR. Peu importe sa banque, il pourra retirer du cash sans frais.

Transactio­n gratuite pour le client et le commerce

«La transactio­n est gratuite pour l’utilisateu­r comme pour le commerce, explique Fabio Senti, responsabl­e du développem­ent de la start-up. Pour la banque, le coût est considérab­lement plus bas qu’un bancomat.» Ses frais sont négociés individuel­lement avec Sonect en fonction de sa taille et de son rôle actif dans le développem­ent de l’app. La banque a les avantages de pouvoir accroître son réseau et de réduire ses frais.

Les Suisses sont champions du monde du cash. Le paiement en liquide est utilisé dans 70% des transactio­ns, selon la BNS. Mais les guichets automatiqu­es coûtent cher aux banques. L’installati­on d’un bancomat peut atteindre 180000 francs et sa maintenanc­e 50000 francs par an, selon Elena Bernardo. Les banques cherchent donc à réduire les coûts et à supprimer les guichets les moins fréquentés. Le client doit se déplacer parfois à plusieurs kilomètres.

Techniquem­ent, le système existe déjà en Suisse, mais à une échelle plus petite. Il est possible de retirer de l’argent dans un supermarch­é Migros, si l’on dispose d’un compte dans la banque du même nom. Mais, à terme, Sonect promet une généralisa­tion du bancomat virtuel.

La start-up zurichoise négocie avec divers instituts bancaires. Hypi Lenzburg, qualifiée de banque la plus numérique du pays par le site Finews.ch, commercial­ise déjà son app.

Actuelleme­nt, 220 commerces sont disponible­s pour ce service en Suisse, dont 150 à Zurich, selon Fabio Senti. En Suisse romande, l’app est utilisée par Smood, le service de livraison de plats à domicile, mais aucune banque locale ne fait partie du réseau.

L’entreprise s’efforce actuelleme­nt de poursuivre son expansion dans la zone euro, en Espagne et au Portugal. Une licence est toutefois nécessaire pour y avoir accès. ▅

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