Sonect, la start-up zurichoise qui veut ubériser les bancomats
La fintech zurichoise s’associe au fournisseur de logiciels bancaires Temenos. Sa technologie permet de retirer de l’argent directement dans les commerces. En Suisse, 220 points de vente ont déjà intégré sa solution
Sonect, qui compte Post Finance parmi ses investisseurs, a annoncé jeudi, dans un communiqué, qu’elle allait être intégrée dès aujourd’hui à la plateforme de Temenos. C’est un pas de géant pour la start-up zurichoise puisque la société genevoise est le numéro un mondial du logiciel bancaire. L’accord s’inscrit parfaitement dans les projets ambitieux de Sandipan Chakraborty, directeur et fondateur de Sonect. Cet ancien responsable de l’informatique chez Credit Suisse estime que «Sonect est aux bancomats ce qu’Uber est aux taxis et Airbnb aux hôtels.»
La fintech, créée il y a un an, promet «un monde où il n’est plus besoin de visiter un guichet automatique pour retirer de l’argent». Elle entend révolutionner les bancomats et parle de la création d’un «ATM Social Network», c’est-à-dire de «connecter des personnes qui possèdent de l’argent avec d’autres personnes qui ont besoin de cash». Il en résulte avant tout un gain de temps majeur, promet Elena Bernardo, responsable du marketing de Sonect.
Le principe est simple. Il suffit de télécharger l’app de Sonect, gratuite, sur son smartphone, puis de créer un compte et d’aller dans un commerce qui appartient au réseau. L’app indique le commerce le plus proche. Une fois sur place, qu’il s’agisse d’un magasin ou d’une pizzeria, l’utilisateur passe à la caisse et scanne un code QR. Peu importe sa banque, il pourra retirer du cash sans frais.
Transaction gratuite pour le client et le commerce
«La transaction est gratuite pour l’utilisateur comme pour le commerce, explique Fabio Senti, responsable du développement de la start-up. Pour la banque, le coût est considérablement plus bas qu’un bancomat.» Ses frais sont négociés individuellement avec Sonect en fonction de sa taille et de son rôle actif dans le développement de l’app. La banque a les avantages de pouvoir accroître son réseau et de réduire ses frais.
Les Suisses sont champions du monde du cash. Le paiement en liquide est utilisé dans 70% des transactions, selon la BNS. Mais les guichets automatiques coûtent cher aux banques. L’installation d’un bancomat peut atteindre 180000 francs et sa maintenance 50000 francs par an, selon Elena Bernardo. Les banques cherchent donc à réduire les coûts et à supprimer les guichets les moins fréquentés. Le client doit se déplacer parfois à plusieurs kilomètres.
Techniquement, le système existe déjà en Suisse, mais à une échelle plus petite. Il est possible de retirer de l’argent dans un supermarché Migros, si l’on dispose d’un compte dans la banque du même nom. Mais, à terme, Sonect promet une généralisation du bancomat virtuel.
La start-up zurichoise négocie avec divers instituts bancaires. Hypi Lenzburg, qualifiée de banque la plus numérique du pays par le site Finews.ch, commercialise déjà son app.
Actuellement, 220 commerces sont disponibles pour ce service en Suisse, dont 150 à Zurich, selon Fabio Senti. En Suisse romande, l’app est utilisée par Smood, le service de livraison de plats à domicile, mais aucune banque locale ne fait partie du réseau.
L’entreprise s’efforce actuellement de poursuivre son expansion dans la zone euro, en Espagne et au Portugal. Une licence est toutefois nécessaire pour y avoir accès. ▅