La question du soutien public aux médias locaux n’est plus un tabou
L’appauvrissement du paysage médiatique romand était au coeur d’un débat vendredi à Genève
Des rédactions qui ferment et une manne publicitaire qui s'effrite. C'est face à ces difficultés et les craintes qu'elles suscitent que le maire de Genève, Sami Kanaan, a réuni vendredi des journalistes, des élus et des universitaires pour un événement baptisé #ACTMedia.
«Y aura-t-il encore un seul titre de la presse écrite sur support papier en Suisse d'ici deux à trois ans?» s'interroge le magistrat qui, dans la foulée, indique «que, plutôt que de rester dans une attitude plaintive, il faut passer au mode offensif et poser notamment la question du modèle de soutien aux médias locaux.» Ce fut le thème de l'un des débats en présence de Grégoire Junod, le syndic de Lausanne, qui a rappelé que sa ville a déjà pris une initiative dans ce sens en établissant un partenariat avec le journal communal Lausanne Cités. «Face à l'assèchement du paysage médiatique et le relais moindre de l'information locale, cette forme de soutien est nécessaire», relève-t-il. Le syndic a ajouté que sa ville achète des annonces dans des journaux comme 24 heures et Le Temps.
Un think tank sur les médias
«Tabou il y a encore un an, le sujet de l'aide publique ne l'est plus si l'on veut conserver un véritable espace journalistique», tranche Patrick-Yves Badillo, directeur du Medi@LAB de l'Université de Genève. Stéphane Benoit Godet, rédacteur en chef du Temps, propose d'autres pistes: «Il faut être créatif, penser, par exemple, à des aides indirectes comme cela se pratique en Italie, avec des abonnements spéciaux pour les fonctionnaires, des chèques culture pour les moins de 25 ans pour acheter des CD, des livres mais aussi s'abonner à des journaux.»
Dans le même temps, le Forum des médias romands a annoncé une série d'actions dont un fonctionnement en think tank pour élaborer une vision à long terme des médias romands. Une manifestation romande des médias pourrait être organisée tous les ans (première édition à Lausanne en avril 2019).
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