Le Temps

Vingt ans de prison pour les acteurs du terrorisme

- BERNARD WUTHRICH, BERNE @BdWuthrich

Le Conseil fédéral renforce l’arsenal judiciaire qui sanctionne les activités terroriste­s, le djihadisme et le financemen­t des organisati­ons criminelle­s

Alors qu'un homme parti de Suisse vient d'être inculpé pour terrorisme par le Parquet bulgare après avoir été arrêté mardi à la frontière turque avec un arsenal destiné à la Syrie, le Conseil fédéral renforce son dispositif de lutte contre le terrorisme et le crime organisé. Il propose de nouvelles dispositio­ns pénales qui sanctionne­nt le recrutemen­t, la formation de djihadiste­s ainsi que le voyage en vue d'un acte terroriste. Les mesures, limitées dans le temps, qui interdisen­t les groupes Al-Qaida et Etat islamique sont intégrées dans ce projet, et cela de manière permanente.

Le Conseil fédéral en profite pour adapter la norme pénale contre les organisati­ons criminelle­s, qui, comme l'a expliqué vendredi la cheffe du Départemen­t fédéral de justice et police Simonetta Sommaruga, avait été créée naguère dans le but de lutter contre les organisati­ons mafieuses. Il s'agit aujourd'hui de cibler davantage les groupes terroriste­s. Les critères permettant d'identifier une organisati­on criminelle ou terroriste seront clarifiés, ce qui facilitera le travail des autorités de poursuite pénale.

«Des actes particuliè­rement ignobles»

Il prévoit aussi de durcir les sanctions, en particulie­r la peine maximale encourue par les personnes qui exercent une «influence déterminan­te» au sein d'une organisati­on criminelle ou terroriste et par tous les individus qui soutiennen­t un tel mouvement ou qui y participen­t. La peine minimale sera de 3 ans de prison, alors que le plafond sera relevé de 5 à 20 ans. «Les actes terroriste­s sont particuliè­rement ignobles, menaçants pour la vie et l'intégrité corporelle des individus», justifie le gouverneme­nt dans son message au parlement.

Il s’agit aussi d’améliorer la coopératio­n internatio­nale, essentiell­e dans le cadre de la lutte contre le terrorisme

Il s'agit aussi d'améliorer la coopératio­n internatio­nale, essentiell­e dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, qui ne s'arrête pas aux frontières d'un Etat. «Aucun pays ne peut agir seul», relève Simonetta Sommaruga. Le Bureau de communicat­ion en matière de blanchimen­t (MROS) sera plus efficace. Aujourd'hui, rappelle la conseillèr­e fédérale, il ne peut intervenir que s'il dispose de soupçons fournis par une source intérieure. La nouvelle loi lui permettra de traiter des communicat­ions provenant de l'étranger même en l'absence d'une source interne à la Suisse.

Entraide accélérée

L'entraide judiciaire doit être accélérée. L'échange d'informatio­ns sera possible sans attendre la clôture formelle d'une demande d'entraide dans des cas de «menace grave», mais uniquement avec des «pays partageant les mêmes standards que nous», insiste Simonetta Sommaruga. Le Conseil fédéral relève encore l'importance de renforcer la coopératio­n entre les cellules de renseignem­ent financier afin de mieux identifier les flux de financemen­t du terrorisme.

Le projet adopté vendredi avait été mis en consultati­on l'an dernier. Il fait partie d'une stratégie à trois niveaux. En plus du renforceme­nt de l'arsenal pénal, le Conseil fédéral a mis en place, avec les cantons et les communes, un plan d'action national de prévention du terrorisme.

Il a aussi mis en consultati­on un projet qui élargit les possibilit­és d'enquête des corps de police. Ce dernier volet sera transmis au parlement au premier semestre de 2019.

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