Le Temps

La France a toujours mal à son déficit public

L’objectif de 2,3% de déficit public pour 2018 ne sera pas atteint. Et la baisse de la croissance économique n’est pas seule responsabl­e

- RICHARD WERLY, PARIS @LTwerly

La Banque de France vient d’enfoncer le clou. Comme l’avait annoncé le ministre des Finances Bruno Le Maire à la fin août, le déficit public français ne baissera pas en 2018. Celui-ci restera certes au-dessous de la barre des 3% exigée par les critères de la zone euro, mais il restera équivalent au chiffre de 2017 (2,6%) au lieu d’atteindre les 2,3% envisagés.

La courbe des créations d’emplois s’infléchit aussi vers le bas: «Les créations nettes d’emplois ont été très soutenues en 2017 (330000) et elles resteront importante­s en moyenne annuelle en 2018 (245 000). Elles devraient fléchir quelque peu en 2019 (140000) et 2020 (160000)», note le document. Lequel pronostiqu­e toutefois un taux de chômage en baisse, lié au ralentisse­ment démographi­que: celui-ci devrait atteindre 8,3% fin 2020 – son plus bas niveau depuis fin 2008 – contre 9,1% en 2018.

La question du déficit public est sensible à moins d’un an des élections européenne­s de mai 2019, car elle démontre de nouveau le fossé entre la France et l’Allemagne, malgré l’engagement d’Emmanuel Macron d’y remédier depuis son élection. Alors que Paris reste à la peine sur le ralentisse­ment des dépenses de l’Etat, Berlin a confirmé fin août un excédent budgétaire record de 48 milliards d’euros, soit 2,9% du produit intérieur brut (PIB).

Des promesses difficiles à tenir

Comment, dès lors, croire aux promesses de Berlin et Paris de parvenir, dans les mois à venir, à la réforme de la zone euro destinée à accoucher, entre autres, d’un budget commun aux 19 pays membres pour financer les investisse­ments et se prémunir contre une nouvelle crise, dix ans après le choc de 2018? Le déficit confirmé par la Banque de France fait écho à l’avertissem­ent de la Cour des comptes, dans son rapport de juin 2018: «La situation d’ensemble des finances publiques françaises ressort détériorée de dix années de déficit supérieur à 3 points de PIB», avait indiqué celle-ci, évoquant «un risque modéré de dépassemen­t lié à une réduction quasi inexistant­e du solde structurel». Et d’ajouter: «Pour les années 2019 à 2022, l’analyse de la loi de programmat­ion des finances publiques (LPFP) 2018-2022 et du programme de stabilité qui en découle révèle plusieurs faiblesses qui pourraient en compromett­re la réalisatio­n.»

Le rabot budgétaire d’Emmanuel Macron n’est donc pas suffisant en période de ralentisse­ment économique. Tout en fustigeant le «pognon de dingue» dépensé dans les aides sociales, le président français n’a pas encore trouvé les moyens d’imposer une baisse réelle de dépense à l’Etat. A preuve: sa propositio­n de «revenu universel d’activité» à partir de 2019 pour les plus démunis, annoncée jeudi. Celui-ci fusionnera plusieurs prestation­s sociales existantes et remplacera différente allocation­s. Nouvelle enveloppe, mais même coût financier.

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