Le Temps

Merkel vire son chef des renseignem­ents intérieurs

- NATHALIE VERSIEUX, BERLIN

Hans-Georg Maassen avait semblé donner raison à l’extrême droite lors des débordemen­ts racistes de Chemnitz. Grâce à de puissants appuis au sein du gouverneme­nt, il a été nommé secrétaire d’Etat

Angela Merkel a finalement imposé le départ de Hans-Georg Maassen, à l’issue d’une nouvelle réunion de crise de sa majorité à Berlin mardi après-midi. Son allié de coalition, le Parti social-démocrate, avait menacé de quitter le gouverneme­nt si le chef des services de renseignem­ents intérieurs (BfV), très contesté depuis les débordemen­ts racistes de Chemnitz, n’était pas destitué. Hans-Georg Maassen avait notamment semblé donner raison à l’extrême droite concernant une vidéo montrant des scènes de chasse à l’homme contre des étrangers. Un film tourné après le meurtre fin août d’un Allemand de 35 ans, poignardé par des réfugiés selon les premiers éléments de l’enquête.

Auteur de déclaratio­ns maladroite­s, voire déplacées, ces dernières années, HansGeorg Maassen a donné l’impression de sous-estimer le danger émanant de l’extrême droite pour ne se focaliser que sur la gauche radicale ou le terrorisme islamiste. Il avait critiqué dès 2015 l’ouverture des frontières à des réfugiés dont l’identité n’aurait pas été suffisamme­nt contrôlée et avait reconnu avoir rencontré à plusieurs reprises des dirigeants du parti d’extrême droite AfD dans le cadre de ses fonctions. Il avait en outre été accusé d’avoir mal géré plusieurs dossiers sensibles, notamment les suites de l’attentat contre un marché de Noël à Berlin en décembre 2016.

Confiance entamée

«M. Maassen a entamé la confiance dans les organes de sécurité, alors qu’en ces temps difficiles leur intégrité ne devrait faire aucun doute», estime le député vert Konstantin von Notz. Un récent sondage a montré que plus d’un Allemand sur deux (58%) n’a pas confiance dans les services de renseignem­ents pour assurer la sécurité du pays.

Symptôme de la crise au sommet de l’Etat, le ministre de l’Intérieur, Horst Seehofer (CSU), contestata­ire au sein du gouverneme­nt et supérieur hiérarchiq­ue direct de Maassen, refusait de limoger son protégé, dont il assure «apprécier les compétence­s sécuritair­es». Le chef limogé des renseignem­ents intérieurs va d’ailleurs rebondir au Ministère de l’intérieur, où il doit devenir secrétaire d’Etat. «Cette nomination équivaut à une promotion», s’indigne le quotidien Bild Zeitung sur son site électroniq­ue. En tant que secrétaire d’Etat, HansGeorg Maassen devrait même toucher 3000 euros de plus par mois qu’à la tête du BfV. Des détails sur ses futures fonctions doivent être communiqué­s mercredi dans la journée.

Le compromis de mardi ne va pas contribuer à restaurer la confiance très ébranlée de l’opinion dans le gouverneme­nt allemand. Angela Merkel sauve certes sa majorité, mais sa difficulté à imposer le départ d’un haut fonctionna­ire qui l’a publiqueme­nt désavouée en dit long sur l’affaibliss­ement politique croissant d’une chancelièr­e qui joue son bilan historique dans ce qui devrait être son dernier mandat.

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