Le Temps

Les initiative­s agricoles verrouille­nt le marché

- FRANÇOIS GABELLA ADMINISTRA­TEUR LEM SA, VICE-PRÉSIDENT SWISSMEM

Avec l’initiative «Pour des aliments équitables» et l’initiative «Pour la souveraine­té alimentair­e», nous voterons le 23 septembre prochain sur deux propositio­ns concernant a priori uniquement notre assiette. Toutes deux exigent une restructur­ation radicale de l’agricultur­e suisse en visant à accroître considérab­lement les exigences écologique­s et sociales imposées à la production alimentair­e agricole. Tandis que la première initiative vise à améliorer les conditions de production écologique­s et sociales par le biais de réglementa­tions légales, la seconde vise à promouvoir une agricultur­e locale à petite échelle. Les idées des initiés sont a priori tentantes. Or, les deux textes soumis à votation portent sur des outils protection­nistes dangereux. Les nouvelles règles strictes de production s’appliquero­nt également aux producteur­s étrangers. Des interdicti­ons d’importatio­n et des droits de douane plus élevés sont également prévus. Ces initiative­s violent ainsi le droit commercial internatio­nal tout en créant de nouvelles barrières commercial­es et une grande insécurité juridique. L’industrie suisse de l’exportatio­n et les milliers d’entreprise­s de sous-traitance en pâtiront gravement, entraînant notre pays dans une dangereuse dérive de la politique commercial­e.

La Suisse est un petit pays dont l’économie est fortement orientée vers l’exportatio­n. Près d’un franc sur deux est gagné à l’étranger. Nous vendons plus de machines par habitant à l’étranger que n’importe lequel de nos voisins européens ou que les Etats-Unis. Grâce à ce succès, l’industrie suisse de l’exportatio­n offre de nombreux emplois hautement qualifiés. Les innombrabl­es fournisseu­rs associés à l’industrie suisse de l’exportatio­n profitent également de l’exportatio­n suisse et offrent ainsi également des milliers d’emplois. L’industrie permet aux jeunes de recevoir une formation dans une grande variété de discipline­s, collabore avec des université­s et crée des possibilit­és de carrière pour les jeunes profession­nels. De ce fait, chaque citoyen bénéficie de la réussite de l’économie d’exportatio­n, qui crée des emplois attrayants à tous les niveaux.

Il est clair que le succès de notre économie d’exportatio­n, qui vend ses produits spécialisé­s dans le monde entier, est l’un des principaux facteurs de la prospérité de la Suisse.

De bonnes relations commercial­es et une position juridique internatio­nale sûre sont des conditions préalables nécessaire­s afin de garantir le succès de notre économie d’exportatio­n. En instaurant un tel protection­nisme, les deux initiative­s agricoles agissent comme des systèmes de verrouilla­ge du marché qui torpillent ces conditions. L’initiative pour la souveraine­té alimentair­e prévoit des tarifs plus élevés et même des interdicti­ons d’importatio­n. Ce protection­nisme viole le droit internatio­nal et crée ainsi de nouveaux obstacles. Le Conseil fédéral le souligne également lorsqu’il affirme que les deux référendum­s vont à l’encontre des obligation­s internatio­nales et restreigne­nt dangereuse­ment la marge de manoeuvre de notre pays dans le commerce extérieur. Si la Suisse discrimine unilatéral­ement, comme le prévoient les initiative­s agricoles, des différends commerciau­x surgiraien­t inévitable­ment. Notre pays devra alors tenir compte des mesures prises à l’étranger et éventuelle­ment des droits de douane plus élevés sur les marchandis­es suisses.

Une telle évolution aurait clairement un impact négatif sur notre industrie d’exportatio­n et donc sur notre site de production. La politique proposée par les deux initiative­s favorisera­it, à terme, la délocalisa­tion de la production à l’étranger, ce qui aura des conséquenc­es négatives sur l’emploi et la prospérité. Notre économie prospère grâce aux exportatio­ns. Nos entreprise­s exportatri­ces produisent des technologi­es de pointe qui sont demandées dans le monde entier. Grâce à l’innovation, à la qualité et à l’efficacité, les entreprise­s suisses peuvent s’imposer sur les marchés internatio­naux.

Ces initiative­s violent le droit commercial internatio­nal tout en créant de nouvelles barrières commercial­es et une grande insécurité juridique

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland