Les initiatives agricoles verrouillent le marché
Avec l’initiative «Pour des aliments équitables» et l’initiative «Pour la souveraineté alimentaire», nous voterons le 23 septembre prochain sur deux propositions concernant a priori uniquement notre assiette. Toutes deux exigent une restructuration radicale de l’agriculture suisse en visant à accroître considérablement les exigences écologiques et sociales imposées à la production alimentaire agricole. Tandis que la première initiative vise à améliorer les conditions de production écologiques et sociales par le biais de réglementations légales, la seconde vise à promouvoir une agriculture locale à petite échelle. Les idées des initiés sont a priori tentantes. Or, les deux textes soumis à votation portent sur des outils protectionnistes dangereux. Les nouvelles règles strictes de production s’appliqueront également aux producteurs étrangers. Des interdictions d’importation et des droits de douane plus élevés sont également prévus. Ces initiatives violent ainsi le droit commercial international tout en créant de nouvelles barrières commerciales et une grande insécurité juridique. L’industrie suisse de l’exportation et les milliers d’entreprises de sous-traitance en pâtiront gravement, entraînant notre pays dans une dangereuse dérive de la politique commerciale.
La Suisse est un petit pays dont l’économie est fortement orientée vers l’exportation. Près d’un franc sur deux est gagné à l’étranger. Nous vendons plus de machines par habitant à l’étranger que n’importe lequel de nos voisins européens ou que les Etats-Unis. Grâce à ce succès, l’industrie suisse de l’exportation offre de nombreux emplois hautement qualifiés. Les innombrables fournisseurs associés à l’industrie suisse de l’exportation profitent également de l’exportation suisse et offrent ainsi également des milliers d’emplois. L’industrie permet aux jeunes de recevoir une formation dans une grande variété de disciplines, collabore avec des universités et crée des possibilités de carrière pour les jeunes professionnels. De ce fait, chaque citoyen bénéficie de la réussite de l’économie d’exportation, qui crée des emplois attrayants à tous les niveaux.
Il est clair que le succès de notre économie d’exportation, qui vend ses produits spécialisés dans le monde entier, est l’un des principaux facteurs de la prospérité de la Suisse.
De bonnes relations commerciales et une position juridique internationale sûre sont des conditions préalables nécessaires afin de garantir le succès de notre économie d’exportation. En instaurant un tel protectionnisme, les deux initiatives agricoles agissent comme des systèmes de verrouillage du marché qui torpillent ces conditions. L’initiative pour la souveraineté alimentaire prévoit des tarifs plus élevés et même des interdictions d’importation. Ce protectionnisme viole le droit international et crée ainsi de nouveaux obstacles. Le Conseil fédéral le souligne également lorsqu’il affirme que les deux référendums vont à l’encontre des obligations internationales et restreignent dangereusement la marge de manoeuvre de notre pays dans le commerce extérieur. Si la Suisse discrimine unilatéralement, comme le prévoient les initiatives agricoles, des différends commerciaux surgiraient inévitablement. Notre pays devra alors tenir compte des mesures prises à l’étranger et éventuellement des droits de douane plus élevés sur les marchandises suisses.
Une telle évolution aurait clairement un impact négatif sur notre industrie d’exportation et donc sur notre site de production. La politique proposée par les deux initiatives favoriserait, à terme, la délocalisation de la production à l’étranger, ce qui aura des conséquences négatives sur l’emploi et la prospérité. Notre économie prospère grâce aux exportations. Nos entreprises exportatrices produisent des technologies de pointe qui sont demandées dans le monde entier. Grâce à l’innovation, à la qualité et à l’efficacité, les entreprises suisses peuvent s’imposer sur les marchés internationaux.
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Ces initiatives violent le droit commercial international tout en créant de nouvelles barrières commerciales et une grande insécurité juridique