WayRay a séduit Alibaba, Porsche et Hyundai
La société zurichoise spécialisée dans la réalité augmentée pour voitures a levé 80 nouveaux millions de dollars auprès de grands investisseurs. Elle estime pouvoir valoir plus de 1 milliard de dollars en 2019
WayRay se donne les moyens de son expansion. Mardi soir, la société a annoncé la levée de 80 millions de dollars supplémentaires pour poursuivre sa croissance. L’entreprise, basée à Zurich, est spécialisée dans les solutions d’affichages holographiques de réalité augmentée pour l’industrie automobile. Désormais, elle annonce vouloir franchir un nouveau cap: une valorisation de plus de 1 milliard de dollars.
Avec la levée de 80 millions de dollars (76,8 millions de francs), WayRay aura, depuis sa création en 2012, levé «largement plus de 100 millions de dollars», affirme Philippe Monnier, administrateur de la société. Le dernier tour de table date de mars 2017, lorsque plusieurs investisseurs, dont le chinois Alibaba, avaient injecté 18 millions de dollars dans le capital. Ce mardi, les investisseurs se nomment Porsche, Hyundai Motor, Alibaba, China Merchants Capital, JVC Kenwood, Japan Bank for International Cooperation et un consortium de fonds souverains.
Origine russe
WayRay est une entreprise avec un profil atypique: sa devise est le dollar, son fondateur, Vitaly Ponomarev, est Russe, et son siège se trouve à Zurich. Il y a quelques mois encore, il était situé à Lausanne. «Nous avons décidé de migrer en Suisse alémanique pour nous rapprocher de compétences dans le domaine automobile qui se trouvent surtout dans la région zurichoise, mais aussi de constructeurs qui sont essentiellement situés dans le sud de l’Allemagne», poursuit Philippe Monnier. WayRay compte une quinzaine d’employés à Zurich et 250 au total au niveau mondial, avec des bureaux à Moscou, en Chine, aux Etats-Unis et en Allemagne.
«Le but, avec ces «affichages tête haute», est que le conducteur n’ait que la route à regarder et plus le tableau de bord, ce qui augmente la sécurité»
PHILIPPE MONNIER, ADMINISTRATEUR DE WAYRAY
Et c’est notamment en Allemagne que WayRay compte se développer. «Nous allons construire une usine pilote, une étape nécessaire pour que notre société soit certifiée en tant que fournisseur automobile, explique l’administrateur. Comme il n’est pas facile de devenir fournisseur au sein de cette industrie, cette étape est absolument nécessaire.»
Aujourd’hui, la société travaille sur deux produits en parallèle: un produit intégré à l’intention des constructeurs automobiles (des verres «intelligents») et un produit add-on à l’intention du marché secondaire des voitures existantes. Les deux produits permettent de projeter des informations pour les conducteurs ou les passagers. De manière holographique, ces données se superposent à ce que voit normalement le chauffeur. «Le but, avec ces «affichages tête haute», est que le conducteur n’ait que la route à regarder et plus le tableau de bord, ce qui augmente la sécurité», affirme Philippe Monnier.
Dans le premier cas, il s’agit pour WayRay de convaincre les constructeurs automobiles de devenir l’un de leurs fournisseurs. Dans le second cas, il s’agit d’un dispositif appelé Navion qui pourra être ajouté à des véhicules existants. «Nous pensons commercialiser Navion l’année prochaine. Par contre, la commercialisation des produits intégrés dans les voitures de série prendra plus de temps car les processus de l’industrie automobile sont très complexes», dit Philippe Monnier. Le fait que certains fabricants de voitures soient entrés dans le capital de WayRay ne signifie en aucun cas qu’ils seront les seuls clients automobiles de WayRay, glisse l’administrateur.
Au-delà de l’automobile
Avec l’essor annoncé des voitures sans chauffeur, WayRay est persuadé que ses produits seront très demandés par tous les utilisateurs de ce type d’automobiles. En outre, WayRay pense déjà à étendre ses verres «intelligents» à d’autres secteurs comme les trains, la construction et peut-être la domotique. La société ne communique ni son chiffre d’affaires, ni sa valorisation actuelle, mais estime, via un tour de table prochain, que le cap du milliard de dollars de valorisation pourrait être atteint en 2019.
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