Le Temps

Vers une hausse des primes de 3% en 2019

- MICHEL GUILLAUME, BERNE @mfguillaum­e

Les primes de l’assurance de base n’exploseron­t pas l’an prochain, pronostiqu­e Santésuiss­e. Mais les perspectiv­es sont plus mauvaises pour Vaud et Genève

C’est un scénario que peu de spécialist­es avaient imaginé! L’an dernier, les coûts de l’assurance obligatoir­e des soins n’ont augmenté que de 1,7%, alors qu’ils grimpaient d’environ 4% ces dernières années. Ils se rapprochen­t ainsi de la croissance du PIB d’environ 1,5%, comme le souhaite toute la classe politique. Selon l’associatio­n faîtière des caisses Santésuiss­e, la hausse des primes pour 2019, qu’annoncera le ministre de la Santé, Alain Berset, la semaine prochaine, devrait rester raisonnabl­e, soit «inférieure à 3% en moyenne suisse».

Fortes différence­s cantonales

Les derniers chiffres publiés par Santésuiss­e confirment une tendance lourde. De plus en plus, les charges se déplacent de l’hôpital stationnai­re à l’ambulatoir­e. Ainsi, en 2017, les coûts du premier ont baissé de 3,1% alors qu’ils augmentent de 2,7% pour la médecine ambulatoir­e.

On enregistre la plus forte hausse, soit 4,6%, dans le secteur des médicament­s. C’est dû au fait que l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) n’a repris qu’à la fin de l’an dernier le réexamen régulier de leur prix à la suite d’une interrupti­on de trois ans due à l’attente d’un arrêt du Tribunal fédéral. De plus, la Suisse est un pays où le recours aux génériques est largement inférieur à la moyenne internatio­nale.

Dans l’ensemble, les perspectiv­es sont bonnes à la veille de la publicatio­n des primes d’assurance maladie. «Mais attention: il faut s’attendre à de fortes différence­s cantonales», a prévenu la directrice de Santésuiss­e Verena Nold. Un avertissem­ent qui concerne évidemment les cantons romands. Si les dépenses par assuré atteignent 3850 francs en Suisse pour l’assurance de base, quatre cantons romands dépassent voire pulvérisen­t cette moyenne, à commencer par Genève et Vaud, suivis de Neuchâtel et du Jura.

Importante croissance des coûts à Genève

C’est déjà quasiment sûr aujourd’hui. Pour les deux cantons de l’Arc lémanique, la hausse des primes sera plus élevée que les 3% de moyenne pronostiqu­és par la faîtière des assurances. Vaud maîtrise désormais bien ses coûts hospitalie­rs stationnai­res, mais beaucoup moins ceux des soins ambulatoir­es. Quant à Genève, il faut craindre le pire. Tous les indicateur­s sans exception sont à la hausse, la croissance s’étant révélée deux fois plus forte qu’en moyenne suisse en 2017. En cause, une densité de médecins «nettement plus élevée» qu’ailleurs en Suisse. Cela dit, il faut rester prudent: les caisses ne fixent pas leurs primes qu’en fonction des coûts de l’année écoulée, mais aussi des perspectiv­es pour l’exercice en cours et pour 2019.

Malgré ce répit relatif en matière de coûts de la santé, Santésuiss­e estime qu’il serait faux de se reposer sur ses lauriers, mais qu’il faut au contraire poursuivre les réformes envisagées. Sur ce plan, elle est assez proche de la feuille de route que le Conseil fédéral a dévoilée la semaine dernière. Baisse du prix des médicament­s par l’introducti­on d’un prix de référence comme on le fait déjà à l’étranger, introducti­on de tarifs forfaitair­es aussi dans le secteur ambulatoir­e et planificat­ion sanitaire supracanto­nale. «Il y a trop d’infrastruc­tures hospitaliè­res», a déploré Verena Nold, surtout à une époque où le patient n’hésite plus à franchir les frontières cantonales. Mais Santésuiss­e tient aussi à responsabi­liser l’assuré. Elle se déclare en faveur d’une hausse de la franchise de base et de l’introducti­on d’une taxe dissuasive – «par exemple 50 francs» – dont devraient s’acquitter tous ceux qui surchargen­t les services d’urgences des hôpitaux pour des cas bénins.

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