L’ex-footballeur George Weah redistribue la terre au Liberia
L’ancienne vedette du ballon rond a promulgué une loi révolutionnaire qui retire à l’Etat l’essentiel des terres pour l’accorder aux communautés locales
Le président libérien George Weah a promulgué mercredi une loi sur la propriété des terres attendue depuis des années dans ce petit pays anglophone d’Afrique de l’Ouest et qui pourrait servir d’exemple au-delà de ses frontières.
La législation actuelle, attribuant à l’Etat la propriété des terres ne faisant pas l’objet d’un titre privé, soit la majeure partie du pays, a favorisé l’octroi de concessions à des sociétés privées, parfois pour plusieurs décennies, sans réelle consultation des populations.
Selon la nouvelle loi, qui a connu un parcours parlementaire tortueux au cours des cinq dernières années, les communautés locales pourront dorénavant faire valoir leurs droits en avançant comme preuves des témoignages oraux, des cartes ou encore des contrats signés entre communautés voisines.
Un cadastre national de ces terres «communautaires» va être établi au cours des deux prochaines années, selon le texte signé par George Weah, au pouvoir au Liberia depuis janvier.
Selon la nouvelle législation, seules 10% des terres d’une communauté pourront être déclarées appartenir au domaine public et donc être l’objet d’une concession à des sociétés privées.
La loi autorise également pour la première fois des ressortissants étrangers, ainsi que des institutions caritatives ou des ONG, à faire l’acquisition de parcelles de terrain, à condition que celles-ci soient utilisées dans le but déclaré lors de l’achat. Dans le cas contraire, elles reviendront à l’ancien propriétaire.
Le texte donne également un pouvoir accru aux communautés locales pour définir les règles d’utilisation des terres à des fins agricoles ou de conservation de la nature.
Une cause de guerre
«Les questions de la terre et de l’emploi ne peuvent être séparées. Si vous avez la terre mais pas de force de travail, vous avez un problème», a déclaré le président libérien, ancienne légende du football, lors de la cérémonie de signature du texte à Monrovia.
La question de la propriété de la terre, historiquement accaparée par l’élite «américano-libérienne» descendant d’esclaves affranchis qui domine le Liberia depuis 170 ans, hante ce pays pauvre depuis des décennies et a fait l’objet de l’attention de nombreuses ONG internationales ces dernières années.
Déclenchée par la rébellion contre Samuel Doe, le premier président issu de la population locale privée de droit de vote jusqu’en 1951, la guerre civile qui a fait quelque 250000 morts entre 1989 et 2003 s’est largement nourrie des conflits sur la terre et les ressources naturelles.
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