Budget équilibré malgré la baisse de l’impôt sur les entreprises
Vaud, qui appliquera de manière autonome la nouvelle fiscalité des entreprises dès 2019, présente un budget marqué par la croissance des charges sociales
«Le pari est réussi pour 2019. L’équilibre budgétaire a été atteint pour la treizième année consécutive, même si ce n’était pas gagné d’avance», a déclaré jeudi le ministre vaudois des Finances, Pascal Broulis, en présentant le projet de budget du canton. Celui-ci intègre les effets de la mise en oeuvre de la RIE III cantonale, acceptée par les Vaudois en 2016. Ces effets? Moins de revenus et davantage de charges pour un total de 209 millions de francs.
Beaucoup de charges sociales
A la baisse du taux d’imposition à 13,79% pour les sociétés dès 2019 (-280 millions) s’ajoute le volet social de la RIE III vaudoise, soit la hausse des subsides à l’assurance maladie de base (+38 millions). Les conséquences de la RIE III cantonale peuvent toutefois être contenues, notamment grâce à la croissance des impôts sur le revenu (+105 millions) et sur la fortune (+45 millions), dans une conjoncture qui s’annonce favorable.
Le budget 2019, qui approche les 10 milliards de francs, prévoit une augmentation des charges quasiment égale à celle des revenus (+2,55%). Au niveau des dépenses, les secteurs social, de l’enseignement et de la santé continuent de peser lourd en raison de la pression démographique, du vieillissement de la population et de la hausse des subsides LAMal. La croissance des charges sociales fait du reste bondir le PLR. «Elle est quatre fois supérieure à la croissance économique vaudoise», dénonce le parti du grand argentier Pascal Broulis, suivi en cela par l’UDC.
Dette en hausse
Globalement, les dépenses sont en effet supérieures à la croissance économique attendue. La croissance du produit intérieur brut (PIB) cantonal prévue en 2019 (1,9%) est plus faible que celle de la Suisse (2%). L’augmentation des revenus est principalement due à la hausse des recettes non fiscales. Il s’agit par exemple de la participation des communes aux dépenses sociales cantonales: la facture sociale devrait gonfler de 42 millions. Le canton compte créer 285 postes à temps plein l’année prochaine (+1,7%), dont 225 destinés à de nouveaux enseignants.
L’Etat veut investir pour 876 millions, soit 183 millions de plus qu’au budget précédent. Cet argent sera injecté dans la construction et le secteur social, notamment. La dette de l’Etat, que le canton avait réussi à réduire pratiquement à zéro alors qu’elle avait frisé les 10 milliards de francs, poursuit la remontée qu’elle connaît depuis 2013. Elle passe la barre du milliard de francs (1,075 en 2019). En plus des investissements, cette évolution est due au financement de la Caisse de pensions de l’Etat.
Si les effets de la RIE III cantonale correspondent aux estimations de 2015, une incertitude demeure sur le sort de la réforme fiscale des entreprises sur le plan fédéral. Pascal Broulis assure que le Conseil d’Etat se battra pour le projet fédéral, «hyper équilibré» et proche de la réforme vaudoise.
Le PS salue le budget et se félicite en particulier de l’augmentation des subsides LAMal.
Les Verts, tout en saluant un «savant équilibre charges-investissements», déplorent des dépenses encore trop modestes en matière d’environnement et exigent un «paquet climat» au plus vite.
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