Le Temps

Jean-Claude Biver cède la direction de TAG Heuer

- STÉPHANE BENOIT-GODET @sbenoitgod­et

L’emblématiq­ue patron horloger cède la place à Frédéric Arnault, fils du fondateur de LVMH, propriétai­re de la marque. Il reste par ailleurs président non exécutif du pôle horloger du numéro un mondial du luxe

Jean-Claude Biver passe la main. Le patron le plus emblématiq­ue de l’horlogerie suisse se retire de la direction opérationn­elle du pôle horloger de LVMH qui supervise trois marques, TAG Heuer, Hublot et Zenith. Le Luxembourg­eois d’origine a depuis dix-huit mois des problèmes de santé qui rendaient difficile sa tâche de direction. Il occupait par ailleurs le poste vacant de directeur général de TAG Heuer, poids lourd du groupe de luxe français dans l’horlogerie avec un chiffre d’affaires supérieur à un milliard de francs.

C’est Frédéric Arnault, le fils du fondateur de LVMH Bernard Arnault, qui se profile pour reprendre la direction de la marque basée à La Chaux-de-Fonds. JeanClaude Biver avait rendu TAG Heuer plus accessible en termes de prix et avait renforcé son orientatio­n dans la technologi­e avec le lancement d’une smartwatch à succès. Son successeur, qui travaille déjà depuis un an dans la maison, devrait poursuivre dans cette voie.

Actuelleme­nt à la tête d’une division de TAG Heuer axée sur le numérique et basée à Paris, Frédéric Arnault devra prouver à 23 ans qu’il peut gérer une maison d’une telle taille. Par ailleurs, Stéphane Bianchi, jusqu’ici à la tête d’Yves Rocher, prend la direction opérationn­elle du pôle horloger. Ce dernier agira sûrement comme une sorte de sparring-partner avec Frédéric Arnault qui n’a pas à ce stade le poste de directeur général de TAG Heuer mais celui de responsabl­e de la stratégie et du numérique.

Stéphane Bianchi avait de la même manière préparé la place de dirigeant pour l’héritier dans son précédent job. Bernard Arnault aurait souhaité que Jean-Claude Biver reste plus longtemps dans la maison pour préparer la transition avec son fils. Mais ce dernier, qui nous confiait déjà être fatigué en marge du Salon internatio­nal de la haute horlogerie cette année, a souhaité se retirer plus vite.

L’ascension de Hublot

De son côté, Hublot – dont se charge Ricardo Guadalupe, un proche de JeanClaude Biver, depuis 2012 – poursuit son ascension. La marque, dont Jean-Claude Biver possédait 20% quand elle a été vendue à LVMH par son propriétai­re, Carlo Crocco, a passé pour l’enfant terrible du secteur ces dix dernières années. Cassant les codes, Hublot a notamment investi l’univers du football, dans lequel bon nombre de maisons se sont ensuite engouffrée­s.

La stratégie de Zenith a plus longtemps été moins lisible. L’arrivée de Julien Tornare à sa tête en 2017 et son credo mieux affirmé – réinventer l’horlogerie classique – donnent de bons résultats pour cette marque qui a longtemps été considérée comme une belle mais poussiéreu­se manufactur­e.

Jean-Claude Biver reste à la présidence non exécutive du pôle horloger de LVMH. Il confie par ailleurs avoir d’autres projets mais aucun dans la direction d’entreprise­s. Celui qui aura 70 ans en 2019 s’est illustré dans sa carrière en travaillan­t chez Audemars Piguet, puis en faisant renaître Blancpain, qu’il revendra à Swatch Group, avant de s’occuper d’Omega à la demande de Nicolas Hayek.

PRÉSIDENT NON EXÉCUTIF DU PÔLE HORLOGER DE LVMH

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JEAN-CLAUDE BIVER

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