Le Temps

De l’hydrogène pour oublier les trains diesel allemands

- DELPHINE NERBOLLIER, BERLIN

Après l’industrie automobile, c’est au tour de l’industrie ferroviair­e de chercher des alternativ­es au diesel. Les principaux acteurs du secteur affichent leurs intentions au salon InnoTrans qui se tient cette semaine à Berlin

Quelles technologi­es remplacero­nt le diesel? Dans les couloirs du salon InnoTrans, qui réunit cette semaine à Berlin les spécialist­es mondiaux du transport ferroviair­e, deux stratégies s’affrontent: d’un côté, celle qui mise sur l’hydrogène, choisie, par exemple, par le français Alstom. De l’autre, celle, du canadien Bombardier notamment, qui vise à investir dans les trains à batteries électrique­s. Ces deux groupes ont choisi l’Allemagne pour développer et pour expériment­er, grandeur nature, leurs nouveaux prototypes.

Alstom a frappé un grand coup en mettant en service, lundi dernier, le premier train à passagers roulant à l’hydrogène. Les deux rames bleues du modèle Coradia Ilint parcourent désormais quotidienn­ement les 100 kilomètres séparant les communes de Cuxhaven et Buxtehude en Basse-Saxe. Elles sont équipées de piles à combustibl­e, qui transforme­nt en électricit­é l’hydrogène stocké sur le toit et l’oxygène ambiant. Un seul plein suffit à parcourir 1000 kilomètres.

«Cette technologi­e ne génère aucune émission», relève Holger Poschmann, responsabl­e des ventes d’Alstom en Allemagne. Il reconnaît néanmoins que l’hydrogène employé est produit à partir de gaz et de charbon, et n’est donc pas entièremen­t «propre». «Du moins pas pour l’instant», ajoute-t-il, car «avec le développem­ent de nouvelles techniques, l’électrolys­e pourra se faire, entre autres, via des panneaux solaires».

Un prix encore dissuasif

Le prix de ces rames reste par ailleurs un inconvénie­nt. «Ces trains coûtent entre 10 et 20% plus chers à l’achat que ceux roulant au diesel. Mais sur le moyen terme, les prix baisseront», estime Holger Poschmann. La BasseSaxe est en tout cas convaincue par cette technologi­e. Elle a passé commande de 14 autres rames qui lui seront livrées dès 2021 pour un montant de 80 millions d’euros.

Alstom est en négociatio­n avec cinq autres länder allemands, mais aussi avec des pays comme la France, le Danemark et l’Italie. «L’industrie automobile s’intéresse à cette technologi­e. Certains bus roulent déjà à l’hydrogène», souligne Holger Poschmann, qui y voit «un modèle d’avenir pour l’ensemble des transports».

A quelques stands de là, Bombardier fait la promotion des trains à batterie. Dans ses bureaux de recherche berlinois, le groupe canadien a conçu un prototype, Talent 3, récemment présenté au public. Il sera testé en 2019, pendant une période d’un an, sur des lignes passagers dans la région de Constance, frontalièr­e avec la Suisse.

Autonomie des batteries limitée

Premier train alimenté par batterie, Talent 3 ne produit aucun gaz d’échappemen­t et est 50% plus silencieux qu’un train diesel. Seule ombre au tableau, la durée d’autonomie de ses batteries est limitée à 30 kilomètres. «Cette autonomie va progressiv­ement augmenter», rassure le Suisse Benoit Gachet, directeur des ventes chez Bombardier. «Dans l’industrie automobile, des géants comme Mercedes, mais aussi Tesla misent sur les batteries électrique­s. Nous aussi, nous sommes convaincus qu’elles représente­nt l’avenir», assure-t-il.

Qu’ils fonctionne­nt à l’hydrogène ou à piles, ces trains visent à remplacer, à terme, les 16 000 autorails qui circulent actuelleme­nt au diesel en Allemagne sur des sections non électrifié­es. Dans ce pays, comme en France, la moitié du réseau ferré est non électrifié, essentiell­ement pour des raisons de coûts. En Suisse, en revanche, ces nouvelles technologi­es ne devraient pas être employées, car le réseau y est entièremen­t électrifié.

Le premier train à passagers roulant à l’hydrogène a été mis en service lundi dans le land de Basse-Saxe en Allemagne. Ce type de rame coûte entre 10 et 20% plus cher à l’achat que celles roulant au diesel mais ne génère pas directemen­t de pollution. Les trains à hydrogène ou à batterie visent à remplacer les 16 000 autorails qui circulent au diesel en Allemagne

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(PATRIK STOLLARZ/AFP)

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