Le Temps

Les banques peuvent mieux faire dans la finance durable

- MATHILDE FARINE @MathildeFa­rine

Selon l’Université de Zurich, il existe une inadéquati­on entre les clients fortunés qui cherchent des investisse­ments responsabl­es et leurs conseiller­s, qui ne mettent pas ces derniers suffisamme­nt en avant

Les banques privées connaissen­t bien la finance durable, mais elles n’en parlent pas suffisamme­nt à leurs clients. C’est le constat d’une étude publiée cette semaine par l’Université de Zurich. Et c’est aussi un paradoxe: elles disposent d’une offre toujours plus importante dans ce domaine, souvent d’ailleurs en réponse à la demande de certains clients, mais elles ne l’expliquent pas assez clairement à tous les autres.

Confrontés à des familles fortunées et intéressée­s par cette thématique mais éprouvant des difficulté­s pour y investir, deux experts du Centre pour la finance durable et la fortune privée de l’université zurichoise, Falko Paetzold et Taeun Kwon, ont sélectionn­é 25 établissem­ents privés européens, dont 11 basés en Suisse, qui offrent au moins un produit d’investisse­ment durable. Ils ont examiné leur modèle, leur offre et la façon dont cette dernière est présentée. Les banques vont des poids lourds du secteur, comme BNP Paribas ou HSBC, à des établissem­ents de niche, en passant par les experts de la gestion de fortune, comme Pictet ou Lombard Odier.

D’importante­s différence­s

«Il existe de bonnes offres d’investisse­ment durable sur le marché. Mais les différence­s sont importante­s et peuvent varier entre 5 et 108 produits selon la banque, explique Taeun Kwon, première auteure de l’étude et directrice du programme banque privée de l’Université de Zurich. Certains établissem­ents essaient d’intégrer l’investisse­ment responsabl­e dans leur palette complète de service, d’autres se reposent sur des produits complément­aires. Mais les propositio­ns vraiment intéressan­tes pour l’investisse­ur, stratégiqu­ement bien pensées et ayant un effet positif significat­if, sont encore plutôt rares», poursuit-elle.

«Les propositio­ns vraiment intéressan­tes pour l’investisse­ur, stratégiqu­ement bien pensées et ayant un effet positif significat­if sont plutôt rares»

TAEUN KWON, DIRECTRICE DU PROGRAMME BANQUE PRIVÉE DE L’UNIVERSITÉ DE ZURICH

Pour l’experte, les deux instituts qui sortent du lot sont le suisse Globalance Bank, installé à Zurich, et le hollandais Triodos Bank. Les autres institutio­ns comme UBS et Credit Suisse sont proches de la moyenne de l’industrie. Toutes celles qui ont été passées au crible ont néanmoins des efforts à faire.

Un exemple? Les banques achètent des actions, mais sont rarement impliquées dans la stratégie de l’entreprise. Seules la moitié des banques sondées offrent à leurs clients la possibilit­é de voter lors de l’assemblée générale d’entreprise­s dont ils détiennent des actions. C’est pourtant un moyen par lequel ils peuvent influencer la gouvernanc­e, la politique environnem­entale ou sociale des entreprise­s dans lesquelles ils investisse­nt, déplorent les auteurs.

En outre, seule une banque sur deux donne des cours à ses conseiller­s à la clientèle en matière d’investisse­ment responsabl­e. Et encore, ils se limitent à deux ou quatre heures. «Les conseiller­s ont besoin de davantage de formation pour se sentir à l’aise avec le sujet et s’engager dans une conversati­on profession­nelle», avance Taeun Kwon. Qui voit des perspectiv­es positives: «Les banques en sont consciente­s.»

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