Le Temps

Ecorobotix lancera bientôt ses robots désherbeur­s sur le marché

- ANOUCH SEYDTAGHIA @Anouch

Chaque jour de cette semaine, «Le Temps» présente une société qui a pour but d’améliorer notre vie. La start-up Ecorobotix, basée à Yverdon, peaufine ses robots avant un lancement commercial en 2019, voire 2020

Ils sont aujourd’hui une quinzaine, à l’oeuvre dans des champs en Suisse, en France, en Belgique et aux Pays-Bas. Mus par l’énergie solaire, les robots d’Ecorobotix ont pour mission de désherber des champs entiers de manière totalement autonome.

Fondée en 2011 à Yverdon, la start-up est issue de la rencontre de deux hommes, Aurélien Demaurex et Steve Tanner. «Steve vient du milieu agricole, il voulait vraiment utiliser la technologi­e pour minimiser l’impact environnem­ental de l’agricultur­e et améliorer notre qualité de vie, raconte son associé. De mon côté, je viens d’une famille d’entreprene­urs, et j’ai été immédiatem­ent séduit par l’idée de Steve d’associer entreprene­uriat et écologie.»

Depuis 2011 et l’associatio­n des deux hommes – Steve Tanner est devenu directeur technique et Aurélien Demaurex directeur général –, Ecorobotix n’a cessé de croître. Si sa quinzaine de robots est encore dans une phase de tests, ils sont d’ores et déjà efficaces. Ils désherbent les champs en pulvérisan­t des doses précises de produits phytosanit­aires uniquement sur les plantes qui ont été cataloguée­s comme «mauvaises herbes» – on les appelle les «adventices».

«Avec nos robots, notre but est de réduire d’un facteur dix à vingt le nombre de litres de désherbant pour un champ, affirme Aurélien Demaurex. Cela dépend du type de culture, mais les premiers résultats sont encouragea­nts. Nous avions eu cette idée bien avant le débat actuel sur la nocivité du glyphosate et sommes convaincus de la justesse de notre démarche.»

«Certains ont presque honte»

Aurélien Demaurex a aussi perçu un changement d’attitude de la part de certains agriculteu­rs. «On remarque que certains ont presque honte, vu les débats actuels et la prise de conscience de la nocivité de certains produits, de les épandre sur leurs champs. Certains le font par exemple très tôt le matin pour ne pas être vus… Un changement très important des mentalités est en train de se produire. C’est positif et nous avons une solution intéressan­te à proposer.»

«Nous continuons à améliorer nos algorithme­s pour détecter au mieux les mauvaises herbes» AURÉLIEN DEMAUREX, COFONDATEU­R ET DIRECTEUR D’ECOROBOTIX

Si les tests sont concluants, Ecorobotix espère entrer dans une phase commercial­e en 2019, voire 2020. «Tout prend beaucoup de temps, sourit Aurélien Demaurex. Du point de vue robotique, nos machines sont rodées et au point. Mais nous continuons à améliorer nos algorithme­s pour détecter au mieux les «mauvaises herbes» dans le plus d’environnem­ents différents possible pour améliorer l’efficacité de nos machines. Tous nos concurrent­s étrangers sont plus ou moins au même stade que nous [dont une filiale de John Deere] et nous serons dans les temps.» Pour l’entreprene­ur, il est exclu de lancer trop tôt sur le marché une machine qui ne serait pas suffisamme­nt fiable. Côté prix, un tel robot pourrait se vendre entre 35 000 et 40 000 francs pièce.

Analyse des données

La start-up, à laquelle se sont déjà intéressés plusieurs médias internatio­naux, ne peut, pour l’heure, tester davantage de robots. «Analyser les données prend énormément de temps et nous ne sommes qu’une vingtaine d’employés, poursuit le cofondateu­r. Nous sommes aussi très dépendants des saisons, puisque le désherbage s’effectue principale­ment au printemps et plus marginalem­ent en automne.»

Côté finances, Ecorobotix est aujourd’hui solide. En mai de cette année, il a bouclé un tour de table de 10,6 millions de francs, grâce à des investisse­urs historique­s, de nouveaux partenaire­s, mais aussi… BASF. «Cette multinatio­nale allemande – et l’industrie chimique en général – sent bien que l’avenir n’est pas à pulvériser de grandes quantités de produits chimiques dans les champs. BASF cherche des solutions alternativ­es pour le futur et nous les intéresson­s particuliè­rement.»

Supprimer les herbicides?

Et si l’avenir passait par… la suppressio­n totale des herbicides et pesticides? «C’est bien sûr le but ultime, mais pas à court et moyen terme, relativise Aurélien Demaurex. On peut imaginer une destructio­n des «mauvaises herbes» de différente­s manières, par exemple mécaniquem­ent, par la chaleur, des microondes ou encore avec de l’électricit­é. Nous y réfléchiss­ons déjà.»

 ?? (GUILLAUME PERRET/LUNDI 13 POUR LE TEMPS) ?? «Avec nos robots, notre but est de réduire d’un facteur 10 à 20 le nombre de litres de désherbant pour un champ», affirme Aurélien Demaurex, directeur et cofondateu­r d’Ecorobotix.
(GUILLAUME PERRET/LUNDI 13 POUR LE TEMPS) «Avec nos robots, notre but est de réduire d’un facteur 10 à 20 le nombre de litres de désherbant pour un champ», affirme Aurélien Demaurex, directeur et cofondateu­r d’Ecorobotix.
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(DR) Une quinzaine de robots sont actuelleme­nt testés en Suisse, en France, en Belgique et aux Pays-Bas.

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