Le Temps

Une intelligen­ce artificiel­le qui vous rémunère pour vous remplacer

- SÉBASTIEN RUCHE @sebruche

Avec son projet «robotMe», la fondation genevoise ImpactIA veut adoucir le choc de l’arrivée de l’intelligen­ce artificiel­le sur le marché du travail

Il s’appelle «robotMe» et il pourrait remplacer des employés à très brève échéance. Mais la bonne nouvelle est que ce concentré d’intelligen­ce artificiel­le créé à Genève rétribuera ceux qui l’auront aidé à apprendre un nouveau métier. C’est la vision de la fondation ImpactIA, qui veut lisser l’effet de l’intelligen­ce artificiel­le sur le monde du travail et permettre aux entreprise­s d’utiliser ces technologi­es devenues accessible­s.

Près d’une activité sur deux pourrait être automatisé­e grâce aux technologi­es existantes, affirmait le cabinet de consultant­s McKinsey en 2017. Mais dans certains métiers, comme ceux de la comptabili­té, la proportion est plus proche de 80%, estime Laura Tocmacov, directrice d’ImpactIA et spécialist­e de l’insertion profession­nelle: «Face au bouleverse­ment que provoquera l’intelligen­ce artificiel­le, les humains possèdent un seul capital: leurs données. Les géants d’internet les utilisent pour générer de l’argent, nous avons cherché une solution pour que ces données deviennent aussi une source de rémunérati­on pour les humains.»

Favoriser la transition profession­nelle

Cette solution existe et sera dévoilée lors d’une conférence organisée le 2 octobre à Genève. «RobotMe est un double numérique qui apprend de vous et mutualise ses connaissan­ces avec d’autres robots. Par ailleurs, il note, dans sa blockchain, quels collaborat­eurs ont contribué à son apprentiss­age d’un métier», poursuit Laura Tocmacov. Lorsque par la suite le robot effectuera une tâche pour une entreprise, une partie de sa rémunérati­on reviendra à ces propriétai­res des données… qui auront entre-temps été remplacés par la machine. Les humains ne feront pas fortune, mais ils pourront utiliser ces ressources pour se former à de nouveaux métiers, moins automatisa­bles.

Le projet robotMe vise aussi les entreprise­s, car il stockera les compétence­s de l’ensemble des collaborat­eurs. Il pourra conseiller un patron sur les savoir-faire manquants à son organisati­on, ou aiguiller les employés vers les orientatio­ns à prendre pour occuper de nouveaux emplois. Selon la fondation ImpactIA, le monde du travail ne sera plus structuré en termes de temps d’occupation, mais selon un modèle de travail à la demande – l’intelligen­ce artificiel­le attribuant à des humains les tâches encore inaccessib­les aux robots.

Robot accessible à tous

De la science-fiction, tout cela? C’est au contraire une réalité, répond Tim O’Hear, président d’ImpactIA et ingénieur EPFL spécialisé en intelligen­ce artificiel­le: «Des projets de ce type sont déjà accessible­s pour des PME, pour un budget de quelques dizaines de milliers de francs, avec des logiciels open source.» Selon lui, beaucoup de petites entreprise­s voudraient se lancer, mais elles ne savent pas quels profils engager ou quel algorithme choisir. La fondation envisage à terme de fournir un logiciel robot, qu’une entreprise pourrait télécharge­r, entraîner et former grâce aux données de ses clients.

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