LA VIE À PILE OU FACE
Dans un recueil de nouvelles à l’écriture ailée, William Boyd saisit des personnages déboussolés par leur destin
◗ Si, ce jour-là, nous avions bifurqué à droite au lieu de tourner à gauche, notre destin aurait-il changé? Comment savoir si les choix que nous faisons sont les bons? Est-il possible d’imaginer ce que nous aurions pu découvrir sur «tous ces chemins que nous n’avons pas pris»? C’est à cette partie de cache-cache que se livre William Boyd dans ce recueil de nouvelles où s’aiguise une plume très élégante, en compagnie de personnages saisis aux carrefours de leurs existences.
Tiraillés entre plusieurs directions, ils sont d’autant plus vulnérables, d’autant plus désemparés, et c’est à ce moment-là que l’auteur de Brazzaville Plage les met en scène. Comme ces deux anciens amants qui, lors de retrouvailles fortuites, remontent le temps afin de comprendre pourquoi leur aventure a capoté, tout en se demandant s’ils n’ont pas eu tort d’y mettre fin. Regrets, remords, repentirs, tous les récits du Britannique ressemblent à des palimpsestes où la réalité est constamment confrontée au doute. Avec des protagonistes souvent pris à leur propre piège.
ERREURS D’AIGUILLAGE
Un don Juan amateur d’art qui n’aurait pas dû succomber à son besoin addictif d’embrasser toutes les femmes qu’il rencontre. Un critique du Times qui, victime de la pire vengeance, ne manquera pas de regretter l’article assassin qu’il a consacré à un romancier londonien. Un kleptomane qui aurait gagné à en finir avec cette coupable manie, laquelle va lui coûter très cher. Ou cette apprentie comédienne qui s’est fourvoyée en croyant devenir une star, avant qu’on ne lui confie que des seconds rôles minables.
D’une histoire à l’autre, Boyd décrit des vies chancelantes, à cause de malencontreuses erreurs d’aiguillage. Un regard de moraliste, avec ce qu’il faut d’humour feutré.